Le 10 mars sortira Solaire, le nouveau roman de Ian McEwan. Et là, c’est flagrant : Ian McEwan, c’est Jonathan Coe. Oui, les deux écrivains ne font qu’un. Ou alors ils ont la même maîtresse : elle vole le manuscrit de l’un pour le donner à l’autre et lui inspirer un roman, et vice versa. […]
Le 10 mars sortira Solaire, le nouveau roman de Ian McEwan. Et là, c’est flagrant : Ian McEwan, c’est Jonathan Coe. Oui, les deux écrivains ne font qu’un. Ou alors ils ont la même maîtresse : elle vole le manuscrit de l’un pour le donner à l’autre et lui inspirer un roman, et vice versa. Rarement on aura vu un tel cas de gémellité littéraire, de parcours parallèles, entre deux écrivains.
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Déjà, leurs avant-derniers romans avaient des points communs : un changement de style, voire d’univers pour ces deux auteurs de la contemporanéité londonienne. Chacun, homme d’une cinquantaine d’années, s’était mué en « romancière anglaise ». Oui, en « romancière anglaise » : une typologie d’écrivains qui racontent une tragédie intime via les détails les plus quotidiens, et cela en Angleterre.
Ils signaient ainsi leurs plus beaux textes : avec Sur la plage de Chesil, McEwan racontait l’échec d’un amour puis de toute une vie chez deux jeunes gens des années 60, et dans La pluie, avant qu’elle tombe, Coe déployait la vie d’une vieille dame, homosexuelle, qui raconte après sa mort une filiation ratée.
Le nouveau McEwan, Solaire, a étonnamment le même principe que La Vie très privée de Mr Sim de Coe, publié en France en janvier : son protagoniste principal est un vieux loser solitaire qui a tout raté avec les femmes. On n’en révèlera pas plus. Mais c’est comme si, après avoir livré deux grands romans classiques et tragiques, Coe et McEwan erraient autant que les personnages masculins de leur roman suivant. Perdus, seuls, entre deux romans forts, comme leurs personnages errent entre deux mariages. Les romans qu’ils signent sur la solitude et la médiocrité d’un homme s’imposent comme les reflets de leur propre égarement romanesque : en quête d’un grand sujet, un vrai.
Nelly Kaprièlian
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