“Ne t’arrête pas de courir” était l’un de nos paris pour la rentrée littéraire.
Pari gagnant ! Le jeune journaliste et auteur Mathieu Palain, que nous avions mis sur notre couv en septembre dernier, a reçu hier, mercredi 17 novembre, le Prix Interallié pour Ne t’arrête pas de courir, paru en août aux Éditions de L’Iconoclaste.
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Élu aux deuxième tour de scrutin par cinq voix contre une pour Stéphane Hoffmann (On ne parle plus d’amour, Albin Michel), le texte retrace le destin olympique brisé de Toumany Coulibaly, athlète insaisissable : sprinter médaillé le jour et cambrioleur récidiviste la nuit.
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Une histoire fascinante
Livre enquête fascinant qui interroge les déterminismes sociaux et le système carcéral français, Ne t’arrête pas de courir est le deuxième opus de l’électrisante bibliographie que Mathieu Palain façonne à l’épreuve du réel. Son premier roman remarqué (Sale Gosse chez Iconoclaste en 2019) était inspiré de son immersion dans les services de la protection judiciaire de la jeunesse au contact des éducateurs et des mineurs en difficulté.
Âgé de 33 ans, passé par les rédactions de Libération et de la revue XXI, Mathieu Palain a passé deux ans à visiter Toumany Coulibaly au parloir du centre pénitentiaire de Réau. De ces échanges et de cette amitié atypique forgée à l’ombre des barreaux, l’auteur tire un portrait agile du sprinter-braqueur guidé par l’énigme de sa trajectoire.
Pourquoi un jeune surdoué de la course finit-il par cramer sa vie, sa carrière, sa liberté pour des larcins de rien ? Quelles forces furieuses et addictives ont empêché ce sportif hors-norme de décrocher de la délinquance ? Pourquoi continue-t-il de s’entraîner sans relâche derrière les murs, alors que ses chances de retour à la compétition semblent illusoires ? Et enfin, pourquoi cette histoire fascine-t-elle l’auteur au point de faire vaciller ses repères de journaliste ?
Très remarqué depuis sa publication, déjà récompensé des prix Blù Jean-Marc Roberts et Roman-News, le texte est aussi une réflexion sensible et sincère sur les enjeux intimes et politiques de l’écriture du réel. Cet été, Mathieu Palain nous confiait : “Le milieu de la banlieue est un aspirateur à clichés, extrêmement stigmatisé par la presse. Évidemment, quand j’écris dessus, je ne suis pas objectif. J’y ai grandi. Je ne suis pas non plus objectif quand je commence à parler de la prison, parce que j’ai une amie d’enfance qui y a passé vingt ans de sa vie, parce que mon oncle y a passé pas mal de temps aussi.”
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