Pour se payer la tête de Sarkozy, deux solutions existent : soit la franche satire, manière de dévoiler le pire en tournant en dérision les faits et gestes du chef de l’Etat – c’est le cas pour le livre de Patrick Rambaud, Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset, 14 €) ; soit adopter […]
Pour se payer la tête de Sarkozy, deux solutions existent : soit la franche satire, manière de dévoiler le pire en tournant en dérision les faits et gestes du chef de l’Etat – c’est le cas pour le livre de Patrick Rambaud, Quatrième chronique du règne de Nicolas Ier (Grasset, 14 €) ; soit adopter la stratégie de la grimace narquoise, de la moue amère calée sur une enfilade de tristes évidences et de menues révélations.
Non que l’essai préfacé par Daniel Schneidermann (sans doute caché derrière le mystérieux “envoyé spécial” censé signer le livre), Crise au Sarkozistan, ne pousse l’antisarkozisme à son comble, démontant chaque boulon du désormais célèbre marchepied présidentiel.
L’auteur dégomme tout : non-séparation de la justice et du pouvoir, impunités des politiques, servitude des médias… Pardon ? C’est là que le brûlot coince : très vite, il apparaît que le présentateur d’Arrêt sur images s’est surtout fixé pour objectif de tancer, pour ne pas dire démolir, ses confrères. D’abord une pichenette à Pujadas, puis une grosse baffe à Drucker – “cette glorieuse légende liftée” – jusqu’au déboulonnage en règle d’Elkabbach, “faire-valoir des forts” et, à en croire Schneidermann, véritable suppôt de Satan.
Et le pamphlet anti-Sarko de ressembler par trop au règlement de comptes d’un homme parti furax de France Télévisions.
Notons au passage que ces pauvres “médias contrôlés par les oligarques” auraient, eux, bien du mal à rétorquer à ces édifiantes attaques : on ne trouve Crise au Sarkozistan que sur Internet (11 euros) et il faut compter entre trois semaines et un mois (autrement dit une éternité) pour le recevoir.
Rambaud, lui, ne se trompe pas de cible : ses fausses intrigues de cours passent en revue le pire (Roms, retraites, affaire Bettencourt) dans une parodie acerbe et hilarante, dont “notre chatouilleux leader” ressort K.-O.
Emily Barnett