Calendar d’Atom Egoyan avec Atom Egoyan et Arsinée Khanjian Avec Calendar, Atom Egoyan allège son système sans renoncer au mixage entre cinéma, photographie et vidéo. Il confronte ses installations à une forme plus immédiatement intime, qui tient à la fois du home-movie et du carnet de voyages. Après la multiplicité des récits de The Adjuster […]
Calendar d’Atom Egoyan avec Atom Egoyan et Arsinée Khanjian
Avec Calendar, Atom Egoyan allège son système sans renoncer au mixage entre cinéma, photographie et vidéo. Il confronte ses installations à une forme plus immédiatement intime, qui tient à la fois du home-movie et du carnet de voyages. Après la multiplicité des récits de The Adjuster et avant la formidable « machine-désirante » Exotica, Calendar est un film « vulnérable qui montre ses coutures » comme le souligne Egoyan lui-même, conçu sur une figure unique : un homme avec un appareil enregistreur, une femme au milieu du champ, un autre homme qui vient boucher l’horizon. Cinéaste de la surface de l’écran comme support de projection de tous les désirs, Egoyan abandonne ici le balayage sur un plan unique pour faire de la profondeur de champ, alliée à une utilisation virtuose de la voix off.
Atom, qui ressemble un peu à Kevin Costner, dîne chez lui avec une femme. Ils sont au dessert et finissent une bouteille de mauvais bordeaux. Atom a essayé de la séduire en lui racontant des histoires dignes d’un film d’Egoyan. La dame, qui n’en peut plus, finit par lui demander où se trouve le téléphone. Pendant qu’elle converse sans fin avec un amant dans une langue très étrangère, il s’ennuie avec un sourire triste. Pour s’occuper, il écrit à sa femme Arsinée, qui n’est pas rentrée avec lui à Toronto. Cette drôle de scène qu’on croirait sortie du dernier Moretti, se répétera pendant dix mois : dix musiques d’ambiance, dix femmes parlant dix langues inconnues, dix photographies d’églises arméniennes réalisées pour le calendrier du titre. D’Arsinée il ne lui reste que la bande-vidéo tournée en Arménie, avec de longs plans sur ses hanches, la preuve tangible de son attirance pour le guide indigène avec qui elle est restée et les moutons chers à Pelechian.
Comme tous les films d’Atom Egoyan, Calendar se présente comme un dispositif de regards et de désirs divergents, un puzzle dont il faut arriver à placer la dernière pièce pour qu’enfin la figure apparaisse. Au centre de ce jeu, dans la position d’un numéro 10 à l’ancienne, on retrouve toujours Arsinée Khanjian, la femme du cinéaste et sa complice préférée pour préparer de mauvais coups. Mais si elle le quittait ? D’abord hors champ, puis en s’exposant devant la caméra, il accompagne sa femme-actrice là où il y a danger, dans le périlleux exorcisme d’une séparation possible. Egoyan croit toujours en l’axiome godardien, « on ne peut pas faire un film tout seul, il faut être deux », qu’il pousse avec ce simulacre de rupture jusqu’au comble de l’ambiguïté. Et Arsinée de jubiler : « Beaucoup de gens qui nous connaissaient ont cru qu’Atom avait filmé un moment précis de notre liaison. » Sortie de son calendrier comme Ingrid était descendue de son volcan, elle retrouvera vite sa place d’ordonnatrice, enceinte jusqu’aux yeux des œuvres de son cinéaste, derrière les miroirs sans tain de l’Exotica.
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