FOLIE DOUCE > L’adaptation d’un roman de Walser par les frères Quay : une fascinante geste poétique dans une école hôtelière où la raison n’a pas droit de cité.inspirée d’un roman de Robert Walser, l’histoire se déroule dans une école hôtelière très étrange, où le falot Jakob von Gunten vient s’inscrire. Le film est en […]
FOLIE DOUCE > L’adaptation d’un roman de Walser par les frères Quay : une fascinante geste poétique dans une école hôtelière où la raison n’a pas droit de cité.inspirée d’un roman de Robert Walser, l’histoire se déroule dans une école hôtelière très étrange, où le falot Jakob von Gunten vient s’inscrire. Le film est en filigrane un portrait de Walser, qui se fit interner volontairement dans un asile psychiatrique. L’action, presque entièrement située dans l’établissement, fait alterner les scènes de classe, parfois burlesques, parfois absurdes, les explorations de Jakob dans les recoins et passages secrets de la maisonet les conversations absconses des personnages. Peu de dialogues, des monologues ésotériques, et une narration impressionniste. Visuellement, le noir et blanc, avec sa palette nuancée de gris, rappelle celui de Vampyr de Dreyer. Sur le plan dramaturgique, on y pense aussi. Un complot semble se tramer derrière les portes closes de ce lieu feutré envahi par une imagerie germanique (trophées de cerfs à gogo). Les gestes machinaux des personnages, tout droit sortis des photos d’August Sanders, pourraient avoir été chorégraphiés par Bob Wilson notamment quand les élèves font de la musique avec des fourchettes ou répètent jusqu’à la folie des formules de politesse. Au-delà de ce système aberrant et mystérieux, de cette pantomime maniaque, de ces dialogues surnaturels, se trame une histoire d’amour confuse et presque étouffée entre Lisa, qui se meurt pour une raison métaphysique, et Jakob, pierrot lunaire aspirant à l’inexistence. On est soit allergique, soit captivé par cet univers fou et grinçant.
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