Le krautrock a été une immense déflagration de bonheur musical pour toute une génération de musiciens allemands désireux, comme leurs contemporains japonais, d’en finir avec le spectre culpabilisant de la Seconde Guerre mondiale en mettant au point un monde fantasmé, ignorant tout du passé ou de la géographie. Cette effervescence a donné naissance à des […]
Le krautrock a été une immense déflagration de bonheur musical pour toute une génération de musiciens allemands désireux, comme leurs contemporains japonais, d’en finir avec le spectre culpabilisant de la Seconde Guerre mondiale en mettant au point un monde fantasmé, ignorant tout du passé ou de la géographie. Cette effervescence a donné naissance à des groupes essentiels pour la musique des années 2000 comme Kraftwerk, Neu et Can et à plusieurs autres peu connus, comme Harmonia. Ce trio a enregistré deux albums, Musik Von Harmonia (réédité il y a quelques mois par le même label russe, Lilith) et Deluxe. Tous deux témoignent d’une inventivité mélodique et rythmique peu commune. Normal : Harmonia n’était autre que le fruit de la rencontre entre Michael Rother, guitariste de Neu, et le duo Cluster (Dieter Moebius et Hans Joachim Roedelius), très féru en expérimentations sonores planantes. Ici, il s’agit du meilleur des deux mondes.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Car, sur Deluxe, Harmonia met en œuvre une musique extatique, tout à la fois pénétrante, enveloppante et propulsive, ayant même par moments quelques petits accents lyriques. Contrairement au premier album du trio, Deluxe laisse de côté les rythmes synthétiques pour s’adjoindre les services d’un vrai batteur (Mani Neumeier, batteur du groupe de rock cosmique fou Guru Guru) qui donne à l’ensemble une patine encore plus organique. Du coup, cet album-ci est moins métronome et davantage hanté par l’idée de faire une musique plus ensoleillée et humaine. Pari tenu puisque Deluxe se place parmi les meilleurs disques de krautrock et pourrait tout aussi facilement figurer dans n’importe quel panthéon associant musique électronique et rock. Brian Eno ne s’y est pas trompé et a enregistré des sessions avec Harmonia, longtemps restées inédites du fait même de la dissolution mystérieuse et rapide du groupe, peu de temps après la sortie de Deluxe en 1976.
{"type":"Banniere-Basse"}