Un polar vite fait mal fait qui prouve que, même (surtout ) bâclé, un film de Mocky ne sera jamais un objet insignifiant. Jean-Pierre Mocky est un cas dans le cinéma français. Personnage truculent, matamore, mythomane, limite foutraque, Mocky est surtout un véritable cinéaste indépendant, observateur impitoyable de la société française provinciale, qui construit vaille […]
Un polar vite fait mal fait qui prouve que, même (surtout ) bâclé, un film de Mocky ne sera jamais un objet insignifiant.
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Jean-Pierre Mocky est un cas dans le cinéma français. Personnage truculent, matamore, mythomane, limite foutraque, Mocky est surtout un véritable cinéaste indépendant, observateur impitoyable de la société française provinciale, qui construit vaille que vaille une oeuvre inégale mais unique par son humour vache, son sens inné du casting et de la caricature, son oscillation permanente entre bâclages foireux et fulgurances cinoques, sa ténacité obsessionnelle. Depuis trente-cinq ans, Mocky aligne les succès et surtout les bides, n’en fait qu’à sa tête sans se soucier des modes, courants et autres mouvements du cinéma français; mais trente-cinq ans après ses débuts, Mocky est toujours là, solide au poste, préparant son « superfilm à 120 millions de francs, sortie à la fin du siècle si tout va bien. » En attendant cette éventuelle apothéose du génie mockien, notre été sera assombri par Noir comme le souvenir, un Mocky plutôt sérieux qui laboure le vieux sillon à frissons chabrolohitchcockien. Dans une petite ville de province archétypalement mockienne, une fillette est enlevée. Dix-sept ans plus tard, la mère de la gamine disparue est soudainement hantée par le fantôme de sa progéniture, affaire qui a vite fait de mettre tout le bourg sous tension. Le problème de cette « énigme d’atmosphère pour tous les publics qui aiment le polar, le vrai, avec un scénario intrigant », c’est que son scénario est justement trop mécanique et mal dosé pour être véritablement intrigant le mystère tourne en rond pendant une plombe jusqu’à ce que tout soit résolu comme par enchantement dans les trois dernières minutes. Comme souvent, Mocky semble avoir tourné à la hussarde, ne travaillant pas assez chaque scène, laissant ses acteurs plus ou moins en roue libre, avançant à l’instinct pour aboutir à un film singulièrement dénué de rythme. Reste quand même une atmosphère (qui doit beaucoup à la musique insidieuse de Gabriel Yared), des comédiens qui s’en sortent bien (notamment Sabine Azéma) et quelques salutaires mais trop fugaces éclairs de foutraquerie ? Stévenin affalé en peignoir mauve dans une chambre vulgairement tape-à-l’œil vaut presque à lui seul le déplacement. C’est le truc avec Mocky: le type est tellement irréductible que même ses nanars sont des oeuvres personnelles qui ne ressemblent à rien d’autre qu’à des films de Mocky.
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