Dénonciation impitoyable du racisme qui anime une petite ville du Texas, La Poursuite impitoyable, dominée par l’interprétation de Marlon Brando, n’a rien perdu de sa force. Au moment de sa sortie, La Poursuite impitoyable (The Chase) avait d’abord frappé les esprits par sa description de l’american way of ljfe vu à travers Tari une petite […]
Dénonciation impitoyable du racisme qui anime une petite ville du Texas, La Poursuite impitoyable, dominée par l’interprétation de Marlon Brando, n’a rien perdu de sa force.
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Au moment de sa sortie, La Poursuite impitoyable (The Chase) avait d’abord frappé les esprits par sa description de l’american way of ljfe vu à travers Tari une petite ville du Texas raciste et intolérante, encore empreinte d’un conservatisme sourd aux cris de Martin Luther King et aux nouvelles dispositions de l’administration Kennedy. Dans la première scène, un prisonnier nommé Butcher abandonne son compagnon (Robert Redford) dès qu’il a pu s’emparer d’une automobile et liquider son conducteur. Apercevant au loin le meurtrier en fuite et le cadavre dans un ravin, une femme noire dit à son fils qui voulait intervenir: « Tourne la tête. Regarde devant toi. Il faut laisser les Blancs régler les problèmes des Blancs. » Suivant ses personnages, Penn choisit donc de s’intéresser au merdier des Blancs. Il part d’un fait divers : l’évasion d’un prisonnier qui décide de retourner dans sa ville natale et déclenche par là même un enchaînement fatal chez certains de ses habitants qui vont s’enflammer, au sens propre comme au sens figuré. Arthur Penn livre une image apocalyptique de la bourgeoisie américaine du Sud. Val Rogers, le patron local qui règne en Dieu tout-puissant sur Tari, ne reconnaît comme seule valeur que l’argent. A la réception qu’il organise à l’occasion de son anniversaire, on donne un million de dollars pour un collège ? plus pour épater la galerie que par devoir. Chez les Stewart, une autre famille puissante, on se perd dans l’alcool, on n’hésite pas à sortir les armes à feu quand on s’ennuie ou encore à taper sur les Noirs qui traînent dans la rue. Chez les adolescents, emblème de la génération Happy days du rock’n’roll, l’atmosphère semble beaucoup plus relâchée, mais l’on verra au cours du film ces mêmes enfants se transformer en monstres sanguinaires et participer à un lynchage collectif.
Aujourd’hui, c’est l’aspect très théâtral de La Poursuite impitoyable qui frappe d’abord. Depuis sa sortie, Penn n’a cessé de désavouer son film, qui aurait été victime d’un scénario (à l’origine de Lilian Hellman) réécrit par trop de mains et d’un producteur trop envahissant. L’histoire (un évadé qui essaye de semer ses poursuivants) fait, d’une certaine manière, écho à celle de Penn tentant d’échapper à ses commanditaires. Mais il reste surtout cette scène très marquante où le shériff Calder (Marlon Brando) se fait battre et défigurer par trois des habitants de Tari, qu’il veut empêcher d’aller tuer Redford. Selon Arthur Penn, dans certains plans, il était obligé de calmer les acteurs qui tapaient trop fort sur Brando, dont le visage déformé peut apparaître comme une métaphore du film et de son esthétique. La Poursuite impitoyable continue avec des plans subjectifs du regard hagard de Brando observant la monstruosité morale des habitants de Tari. L’image que Lilian Heilman avait essayé de capturer dans son scénario ? le Sud perçu comme l’incarnation du mal ? est ainsi remarquablement traduite de manière cinématographique, à la manière d’un halo où une Amérique puritaine, dégénérée et raciste s’embrase dans le chaos et l’apocalypse.
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