Plein de bonnes intentions mais creux, Desperado n’est qu’un petit film d’action de plus. Révélé par la grâce d’un film qui, selon lui, n’avait coûté que 7000 dollars à produire (et sans doute beaucoup plus à post-produire), Robert Rodriguez. s’est imposé comme la madone des cinéastes Cendrillon. El Mariachi est devenu le « rosebud», la […]
Plein de bonnes intentions mais creux, Desperado n’est qu’un petit film d’action de plus.
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Révélé par la grâce d’un film qui, selon lui, n’avait coûté que 7000 dollars à produire (et sans doute beaucoup plus à post-produire), Robert Rodriguez. s’est imposé comme la madone des cinéastes Cendrillon. El Mariachi est devenu le « rosebud», la patte de lapin, le trèfle à quatre feuilles de tous ceux qui pensent qu’on peut réussir à Hollywood pour une poignée de dollars. Robert Rodriguez est donc au cinéma ce que Rocky est à la boxe, ou Guingamp au championnat de France de football : l’underdog, le chien battu qui décroche la timbale alors qu’il n’est même pas coté à 1000 contre 1. Ce serait pourtant une erreur de céder au romantisme de la misère : Robert Rodriguez n’est pas le nouveau Edgar Ulmer et il n’y a pas dans El Mariachi le centième des idées dont regorgeaient des films comme Detour ou Man from planet X. Le manque de moyens avec lequel Rodriguez essayait de composer dans ce film masquait une réelle difficulté à donner corps à son histoire de chanteur de bar confondu avec un tueur gages. Depuis ses débuts amateurs, Rodriguez est devenu célèbre, bénéficiant d’un engouement aussi sympathique qu’inexplicable, joignant ce qu’il est convenu d’appeler « la bande à Tarantino ». Cette flopée de jeunes cinéastes, parmis lesquels figurent aussi Alexander Rockwell ou Roger Avary, n’a toujours rien réalisé de bon qui vaille, mais Tarantino, roi parmi cette nouvelle vague d’aveugles, a la générosité de figurer dans leurs films, voire d’en polir le scénario. Rodriguez doit d’ailleurs bientôt commencer le tournage de From dusk till dawn – une histoire, écrite et jouée par Tarantino, de gangsters qui échouent dans un hôtel où se trouvent des vampires. Mais avant From dusk, il y a Desperado, la suite d’El Mariachi, avec toujours le même joueur de guitare désormais en partie manchot, tournée cette fois-ci avec un budget nettement plus confortable de 8 millions de dollars. Présenté à raison comme le premier film produit par une major à présenter un casting entièrement latine, Desperado pouvait se révéler comme le catalyseur d’une vague de latinoxploitation, la mise au jour d’une mythologie propre aux minorités hispanisantes vivant aux Etats-Unis. Mais Desperado ne sera jamais Shaft, pas plus qu’Antonio Banderas ne remplacera Ron O’NeaL. Les préoccupations de Rodriguez seraient plutôt à chercher du côté du cirque Pinder pour ce qui est des cascades et des flingages, de l’Indiana Café du boulevard Montparnasse pour les décors, et de John Woo, la référence évidente du cinéaste. Malheureusement, Rodriguez ne retient de Woo que son côté Rémy Julienne, oubliant les aspects sociaux et éthiques du cinéaste de Hong-Kong. Seul espace de réjouissance de ce film brave mais creux : une apparition hilarante de Quentin Tarantino en trafiquant de cocaïne. Pourtant, à force de jouer les pompiers de service, on se dit que l’auteur de Pulp fiction devrait plutôt retourner dare-dare derrière la caméra.
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