Au petit Marguery

Cher papa,

Je vais te parler du film d’un type bien, Laurent Bénégui. C’est une bande de copains qui font une super-bouffe dans le resto de Michel Aumont parce qu’il va fermer parce qu’il a le cancer. Bien sûr, ils sont tristes mais ça se passe dans la bonne ambiance et Michel, il se décarcasse comme Monsieur Ducros pour faire à manger… Ça fait trop envie ! Comme Le Festin de Babette, mais quand même en plus rigolo. Celle qui jouait Babette, Stéphane Audran, elle est aussi dans ce film, mais là elle fait pas la cuisine, elle fait la patronne. C’est drôle parce qu’il y a aussi son fils, Thomas Chabrol, mais il joue pas son fils. Bref, « c’est un film vrai, nostalgique et moderne, tendre » comme l’a écrit l’ami des têtes de veau, Jean-Pierre Coffe. J’ai fait une petite analyse de texte là-dessus :

1. C’est un film vrai parce que les acteurs ils mangent vraiment de la vraie nourriture, et que Michel, il la prépare vraiment : des mousses de poisson, des magrets (Michel il explique vraiment comme il faut les cuire, c’est instructif), des morilles, des chateaubriands et même un super gâteau au chocolat et aux framboises. En sortant, j’avais vraiment faim : je me suis payé un Big Mac.

2. C’est un film nostalgique parce qu’on voit toute l’histoire du resto, quand Michel et Stéphane ils étaient jeunes. C’est une vieille histoire, on voit même Mai 68 quand il y avait la révolution française. Même que celui qui joue le fils quand il était petit, il casse la vitre du resto. Il est plein de sang, mais son père l’engueule. Ça aussi, c’est la nostalgie. D’ailleurs, c’est une histoire vraie : le père de M. Bénégui, il avait un restaurant.

3. C’est un film moderne parce que, Agnès Obadia, elle filme le dîner avec un caméscope : il y a plein d’images vidéo en noir et blanc dans le film. C’est moderne. Et puis il y a des couples modernes. Olivier Py, il a un poussin sur le front. Il est gentil, mais il a couché en cachette avec une femme noire qui attend un enfant de lui mais elle veut avorter. C’est moderne… Alain Fromager, même en hiver, il est en T-shirt. Il est pédé et son ancien amoureux il est là, mais euh, il est marié à une femme. Ça aussi, c’est moderne. Il y a en un autre, il habite sur un banc devant le resto alors on l’a invité. C’est qu’un clodo, mais eux ils disent SDF, ça fait moderne.

4. C’est un film tendre parce que la viande de Michel, elle est tendre ­ faut voir comment il répond à un client qui dit que sa viande elle pue ! Et puis, Michel aussi, il est tendre, même s’il fait le dur. Son fils, il l’aime mais il ose pas le dire (il écrit « papa, je t’aime » sur sa veste mais dans un endroit caché). Il y a un gros balourd, il fait que critiquer sa sœur mignonne et à la fin, il dit qu’il est amoureux d’elle…

Franchement, papa, c’est un beau film avec plein de gens différents, gentils et rigolos. Le seul ennui, c’est qu’il donne faim…

Bon, je t’embrasse et bon appétit.

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