Depuis cinq ans et deux films (Qiu Ju, une femme chinoise et Vivre ! ), Zhang Yimou paraissait avoir définitivement enterré son passé esthétisant, ses préoccupations univoques pour l’image belle mais creuse. En radiographiant la société chinoise d’un œil inspiré et critique, sa paire majeure révélait aussi une grâce formelle indéniable qui plantait sa caméra […]
Depuis cinq ans et deux films (Qiu Ju, une femme chinoise et Vivre ! ), Zhang Yimou paraissait avoir définitivement enterré son passé esthétisant, ses préoccupations univoques pour l’image belle mais creuse. En radiographiant la société chinoise d’un œil inspiré et critique, sa paire majeure révélait aussi une grâce formelle indéniable qui plantait sa caméra dans le réel et ses ressacs insoupçonnés. Avec Shanghai triad, petit film noir où une chanteuse de cabaret (l’inévitable Gong Li) et un gosse de province errent parmi les gangsters des années 30, Zhang Yimou réapparaît là où on ne l’attendait pas et où on aurait préféré ne pas l’attendre. Entre numéros musicaux avec la Gong érotique et portrait d’une poignée de vilains sans morale, Shanghai triad n’est pourtant pas un mauvais film, simplement un objet sans nécessité interne. Même diagnostic du côté du miroir formel : la mise en scène zigzague dangereusement entre procédés superfétatoires et esthétisme plat. Si l’on en reste là, Shanghai triad est donc un échec relatif, point final. Mais le film mérite qu’on s’attarde sur ses à-côtés. Car, à l’instar de ses collègues Chen Kaige ou Zhuang Zhuang, la carrière de Zhang Yimou qui souhaite impérieusement poursuivre son travail chez lui en Chine est du genre compliquée. D’autant plus chaotique depuis que les censeurs du pouvoir lui ont cherché de vilaines noises avec Vivre !. Alors peut-être doit-on considérer Shanghai triad comme une parenthèse inévitable dans la filmographie de l’auteur. Une petite chose qui lui permet de calmer le jeu avant d’initier d’autres projets plus personnels et ambitieux.
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Aux dernières nouvelles, Zhang Yimou n’a pu assister au festival de New York où son film était présenté. Pas de visa de sortie. Motif : la diffusion sur place d’un documentaire américain sur les événements sanglants de 1989 en Chine. Confirmation que, dans certains coins de la planète, le métier de cinéaste n’est pas une activité sans risques.
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