Idrissa Ouedraogo filme en France une fable intemporelle. Il en perd sa grâce africaine. Après les réussites majeures qu’étaient Yaaba, Tilaï ou Samba Traoré, Idrissa Ouedraogo déplace sa caméra en France, où se déroule la majeure partie du Cri du coeur, pour suivre une famille africaine qui vient d’émigrer. On pourrait s’attendre à une suite […]
Idrissa Ouedraogo filme en France une fable intemporelle. Il en perd sa grâce africaine.
Après les réussites majeures qu’étaient Yaaba, Tilaï ou Samba Traoré, Idrissa Ouedraogo déplace sa caméra en France, où se déroule la majeure partie du Cri du coeur, pour suivre une famille africaine qui vient d’émigrer. On pourrait s’attendre à une suite d’affrontements racistes ou de crispations identitaires. On se retrouve avec une fable intemporelle, vaguement fantastique, tournant autour d’un gosse qui voit des hyènes partout dans les rues de la ville. Personne ne croit en ses visions, excepté Paulo, franchouillard vaguement marginal incarné par l’inévitable Richard Bohringer. Hélas, transporté en France, la caméra de Ouedraogo ne parvient pas à retrouver sa grâce africaine. Ici, l’espace de la ville et l’espace mental du gamin restent deux entités qui se regardent sans se voir, alors que l’objectif du cinéaste consistait de toute évidence à les relier. De même, les acteurs sont pour la plupart à côté de leur rôle, ce qui pose toujours un problème majeur dans ce genre d’édifice fragile où le moindre grain de poivre fait irrémédiablement éternuer la mécanique exemplaire du conte. Conséquence : la naïveté sincère flirte ici plus d’une fois avec la mièvrerie plate. Pourtant, Le Cri du coeur n’est pas un film sans intérêt. Ne serait-ce que par son absence de roublardise, sa simplicité désarmante, son mépris pour les clichés sociaux démagos. Un échec, certes, mais qui ne fait absolument pas douter du talent de Ouedraogo. Un cinéaste qui, comme tout un chacun, a bien le droit à l’erreur.
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