La scène se passe dans un café de la rive gauche où se retrouvent quelques amis à la sortie du Confessionnal.Pierre – Euh… j’ai décroché au bout de dix minutes, quelqu’un peut me dire de quoi ça parlait ?Marie – C’est l’histoire d’un mec, sa mère était enceinte de lui quand elle à assisté à […]
La scène se passe dans un café de la rive gauche où se retrouvent quelques amis à la sortie du Confessionnal.
Pierre – Euh… j’ai décroché au bout de dix minutes, quelqu’un peut me dire de quoi ça parlait ?
Marie – C’est l’histoire d’un mec, sa mère était enceinte de lui quand elle à assisté à la première de La Loi du silence d’Hitchcock. Du coup, le mec, il a été utérinement marqué par le film.
Catherine – C’est pas tout. Le mec, il a un demi-frère né de père inconnu. Quand il revient en ville pour l’enterrement de son père, il recherche aussi son demi-frère qu’il a pas vu depuis une bourre et puis, pendant qu’il y est, il essaye aussi de retrouver le père inconnu. Du coup, il y a plein d’allers-retours entre le passé et le présent, c’est comme un puzzle qu’on reconstruit pour retrouver l’énigme de la paternité. Là-dessus, t’as le barman du grand hôtel…
Pierre – Ho, ho, ho ! Holà, doucement là, je vais choper la migraine. Hitchcock, enterrement du père,
demi-frère, père inconnu… C’est quoi, ça
Fort-Boyard reconceptualisé par Freud ?
Paul- Non, attends, tu vas voir, c’est limpide. Le père inconnu, il a jamais reconnu son fils et il a jamais avoué son péché, sauf… au curé de sa paroisse ! D’où La Loi du silence! Tu vois, d’Hitchcock à Lepage, il y a correspondance du secret confessionnel. En trente ans, la peur du péché, l’hypocrisie de la morale chrétienne font toujours autant de dégâts.
Catherine ? Sauf que Lepage prenant Hitchcock comme référence, c’est comme si Cindy Crawford s’étalonnait sur Ingrid Bergman. Il y a comme une barre placée légèrement un peu haut, non ?
Marie – T’as raison. Hitchcock suggérait tout par la seule mise en scène, alors que Lepage se radine avec ses gros croquenots scénaristiques.
Catherine – Ouais, et puis chez Hitchcock, si les sentiments sont troubles, les histoires sont claires. Que là, y s’enfonce dans une histoire emberlificotée. Là-dessus, y veut faire le portrait de sa ville et on finit par s’y perdre.
Paul- Pff, encore un film québécois mochard, lourdaud et dont les intentions sont scotchées au scénario. A croire qu’il y a incompatibilité d’humeur entre ce pays et le cinéma !
Pierre ? Et Libé, ils en pensent quoi ?
Marie – Ils aiment bien la séquence sueurs chaudes au hammam.
Pierre- Et Les Cahiers ?
Paul- Pas assez bazinien pour eux. L’ontologie, mec,
l’ontologie…
Pierre- Et Première ?
Catherine – Donnent pas trop leur avis. Par contre, z’ont fait un beau portrait de Kristin Scott-Thomas.
Paul- Mais dans le film, on la voit que cinq minutes!
Pierre -Et Les inrocks ?
Paul- Y z’adorent, y l’ont mis dans « La 4e dimension »!!
Marie – Mais c’est pas vrai, t’as rien pigé ! Si c’est « La 4e dimension », c’est qu’y trouvent ça nul ! Catherine – Non, à mon avis, c’est plus subtil. Soit y trouvent le film tellement nul qu’ils éprouvent quand même une certaine tendresse, genre série Z à la EdWood. Soit y trouvent le film intéressant, mais foiré.
Marie -Mouais… Depuis qu’y sont passés hebdo, y font trop les malins, on s’y retrouve plus.
Pierre-Moi, je reverrais bien La Loi du silence. Montgomery Clift, c’était quand même autre chose que.. .comment c’est, son nom ?
Le garçon ? J peux encaisser, là, on change de service.
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