Dans ses mémoires, l’acteur Matthew McConaughey partage les secrets de sa win à travers les décennies.
Matthew McConaughey est un winner. À le découvrir dans son tout premier rôle, répétant, à travers la fenêtre d’une voiture, cette expression qui deviendra son mantra (“Alright, Alright, Alright” dans Génération rebelle de Richard Linklater en 1993), à l’admirer, torse nu et sourire bright, dans une foule de comédies romantiques des années 2000 (D’Un mariage trop parfait à Hanté par ses ex), à dérouler sa prestigieuse filmographie (qui lui a fait croiser la route de John Sayles, Steven Spielberg, Robert Zemeckis, Steven Soderbergh, Jeff Nichols, Christopher Nolan, Gus Van Sant ou encore Martin Scorsese), à l’observer en interview ou à avoir la chance de l’interroger soi-même (il est aussi sympa qu’on l’imagine), on aurait pu le deviner. Mais c’est en lisant son autobiographie, Greenlights, qu’on en a finalement la confirmation éclatante.
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Leçons d’inspiration sauce texane
Le livre entier, ses 310 pages, est en effet dédié à la gloire, ou plutôt aux gloires, plurielles, de son auteur. À toutes ces victoires, petites ou grandes, que l’acteur appelle ses “greenlights” — ses “feux verts à attraper”. Tout au long de cette “lettre d’amour à la vie”, conçue à partir de trente-cinq années de carnets intimes, assortie de notes, de photos d’époque, de poèmes et d’aphorismes à recopier sur des post-it, le célèbre Texan fait l’inventaire de ses cinquante premières années, mettant en perspective les épisodes les plus marquants de sa si kiffante existence, pour essayer d’en tirer quelque leçon inspirante. Les anecdotes s’y succèdent à un rythme effréné, se concluant toutes par : “Greenlight” (écrit en vert et souligné). À peu près toutes les trois pages.
Bien sûr, il arrive qu’un feu orange ou rouge s’allume. Mais dans ce cas, attendre un peu suffit généralement pour que le feu passe à nouveau au vert. Une véritable autoroute de la win, dont aucun véhicule ayant servi à l’arpenter ne nous est épargné : Nissan 300 XZ, Dodge Dam 50, Ducati M900, GMC Savana et bien sûr, la Lincoln Aviator pour laquelle il a fait de la réclame à la fin de la décennie passée.
Acteur, mais pas que
Le livre, pour charmant qu’il soit si l’on goûte les manières du personnage, déçoit lorsqu’il aborde le sujet sur lequel on l’attendait le plus : le cinéma. McConaughey détaille quelques un de ses rôles importants, du moins à ses yeux (Le Droit de tuer ?, Le Règne du feu, Dallas Buyers Club), mais survole la plupart de ceux qui sont importants aux nôtres. S’ils sont mentionnés, c’est uniquement pour faire état de leur succès ou insuccès au box-office, sans autre commentaire que les petits trouvailles d’acting (se raser la tête, s’appuyer contre un mur, se muscler, faire un régime, etc.) qui le rendent, il faut l’avouer, souvent irrésistible.
Greenlights n’est assurément pas un livre cinéphile, et préfère s’attarder sur les voyages, les rencontres, la famille, les états d’âme (Eric)… Pourquoi pas, à condition de tolérer la philosophie rustique d’un Américain moyen d’exception. Car avec ce livre, c’est bien ce visage, à la fois accueillant et plein de petites aspérités, parfaitement consensuel tout en se donnant l’air frondeur, que McConaughey entend présenter au monde.
Au monde, ou peut-être plus spécifiquement au Texas, dont il ambitionne, laisse-t-il entendre sans toutefois le confirmer, de devenir le gouverneur en 2022. Sans être un programme politique, Greenlights tombe à pic — sorti il y a un an aux États-Unis, il n’a pas quitté la liste des best-sellers du New York Times — pour rappeler quel chic type est Matthew McConaughey, et pour parfaire son image de “maverick” plein de bon sens. Centriste (évidemment), il est régulièrement donné en tête dans les sondages, et s’avance comme celui qui pourrait réconcilier les deux Amériques, au bord de la guerre civile. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Greenlights de Matthew McConaughey (Le Seuil), traduit de l’anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié, 310 pages, 21 €.
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