Avec la révélation Geese, la confirmation The War On Drugs, les nouvelles expérimentations de Ty Segall, le retour de Nightmares on Wax, et le bel album de Marissa Nadler.
À chaque semaine ses disques bien troussés qui finiront peut-être dans vos tops de fin d’année.
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Pour ne rien rater des sorties de cette semaine, on vous conseille de plonger dans le premier album tonitruant des Brooklyniens de Geese, les volutes du nouvel album de Marissa Nadler, la sortie physique du dernier album, physique lui aussi, du stakhanoviste Ty Segall, le nouveau geste ample et rock de The War on Drugs ou celui du vétéran Nightmares on Wax qui revient aux affaires.
Geese – Projector (Partisan Records/PIAS)
Si l’on retrouve chez les Brooklyniens les réflexes mélodiques et le goût des cavalcades tourbillonnantes du Julian Casablancas des années 2000 (la claque Fantasies/Survival), Projector ne cherche pas l’approbation de ses aînés et dynamite le format Is This It (2001) à grands coups de morceaux longs et éclatés, faits de ruptures, d’éclats, de baisses de tension et de remontées soudaines, sans perdre cette urgence propre à la jeunesse américaine, qui, de James Dean à Kurt Cobain, a l’outrecuidance de penser qu’elle a tout vécu alors qu’elle n’a même pas encore l’âge de boire de l’alcool dans les bars. Estimons-nous heureux d’avoir un disque de cet acabit à se passer en boucle cet hiver.
Par François Moreau
>> Notre critique : Avec “Projector”, Geese s’impose en nouvel avenir du rock – Les Inrocks
Marissa Nadler – The Path Of The Clouds (Bella Union/PIAS)
Plus ample et orchestré que les récents — et excellents — For My Crimes (2018) et Instead of Dreaming (2020), le disque renoue avec le romantisme anthracite de July (2014) et Strangers (2016). La sibylle folk y serpente surtout entre une électricité rentrée (le morceau The Path of the Clouds) et une sensuelle évanescence (Elegy), convoquant parfois les deux d’un même geste (Well Sometime You Just Can’t Say). Cet alliage de lyrisme et de tranchant, ainsi que les thèmes abordés par sa plume, fait aussi de Nadler une lointaine parente de la bande de Nick Cave and The Bad Seeds.
Par Rémi Boiteux
>> Notre critique : Marissa Nadler revient en sibylle folk évanescente
Nightmares on Wax – Shout Out! To Freedom (Warp/Kuroneko)
Si l’on retrouve son aisance à construire avec ses machines des instrumentaux atmosphériques, comme ce Miami 80 entre dub et hip-hop, Evelyn brille ici comme leader d’une formation organique élargie, postulant, en tant qu’arrangeur, à la succession d’un Isaac Hayes. Ainsi, sur 3D Warrior, le saxophoniste surdoué Shabaka Hutchings et le batteur Wolfgang Haffner attisent un groove jazzy avant que le chanteur new-yorkais Haile Supreme n’amène le morceau encore plus haut de sa voix émouvante. Greentea Peng ravira les fans abandonnés de Lauryn Hill avec le hip-hop à la sauce jamaïcaine de Wikid Satellites, tandis qu’Oshun, duo de Washington, répond à l’assassinat de George Floyd avec le spirituel et combatif Breathe In. Remuant, parlant aux sens comme à la tête, l’excellent Shout Out ! To Freedom… mérite de trouver sa place parmi les joyaux de la soul moderne.
Par Vincent Brunner
>> Notre critique : Le vétéran de l’electro Nightmares on Wax se réinvente sur son nouvel album
Ty Segall – Harmonizer (Drag City/Modulor)
Conçu à l’origine comme un disque hermétique fait d’électronique et de boîtes à rythmes, où guitares, voix et synthétiseurs sont traités en direct par des machines sans recourir aux micros traditionnels, ce nouveau long baigne dans la hi-fi, à grand renfort d’Harmonizer. Sous la supervision de Cooper Crain, tête pensante de Bitchin Bajas, et l’impulsion de ce fameux outil permettant de modifier la hauteur du son pour doubler la moindre piste et en décupler la force, l’ensemble n’a jamais paru aussi heavy (Erased, Waxman et leurs riffs imposants) que soigné (les géniales Pictures et Ride). “Don’t you wonder sometimes about sound and vision ?”, interrogeait Bowie sur la face A de Low. Ty Segall a livré sa réponse.
Par Valentin Gény
>> Notre critique : Le prolifique Ty Segall remonte le son sur “Harmonizer”
The War On Drugs – I Don’t Live Here Anymore (Atlantic/Warner)
En ouverture, Living Proof laisse croire que I Don’t Live Here Anymore change de braquet, à la manière du sublime Away (2016) d’Okkervil River : dominante acoustique, atmosphères apaisées et sonorités naturalistes donnent le ton de ce morceau, une des plus belles réussites du groupe de Philadelphie. Mais dès Harmonia’s Dream, les arrangements en millefeuille et les claviers synthétiques qui avaient gagné du terrain sur l’album précédent remettent The war on Drugs sur sa route aux accents héroïques. Si I Don’t Live Here Anymore est parfois contemplatif, il n’en est pas nécessairement plus sobre. À la console, Shawn Everett (The Killers, Jesca Hoop, Weezer), désormais coproducteur, triture par moments la voix, déréalisée juste ce qu’il faut sur le beau Old Skin, sans jamais la désincarner.
Par Rémi Boiteux
>> Notre critique : Que penser du nouvel album de The War on Drugs ?
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