Cent ans de cinéma britannique revisités par le metteur en scène de My beautiful laundrette. En diffusant la série 100 ans de cinéma produite par le British Film Institute, Arte permet de donner sur le centenaire un éclairage sensiblement différent du syncrétisme et de la solennité qui président à sa célébration. Cette fois-ci, ce sont […]
Cent ans de cinéma britannique revisités par le metteur en scène de My beautiful laundrette.
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En diffusant la série 100 ans de cinéma produite par le British Film Institute, Arte permet de donner sur le centenaire un éclairage sensiblement différent du syncrétisme et de la solennité qui président à sa célébration. Cette fois-ci, ce sont des réalisateurs qui posent leur regard sur un siècle de cinéma dans leur pays : Stephen Frears, Nagisa Oshima, Edgar Reitz, Jean-Luc Godard, Martin Scorsese. Plutôt un regard de ciné-fils que de pionnier, où un auteur cherche à trouver sa place dans la grande histoire. L’histoire de Frears est coincée entre deux dates : 1937, date de naissance de Frears spectateur de cinéma, et 1968, date de naissance de Frears cinéaste. Boys will be boys de William Beaudine est le premier souvenir de Frears spectateur lorsqu’il était au collège, une exaltation passionnée de l’éducation à l’anglaise : martinet, punition, uniforme, sens de la hiérarchie et du respect. C’est la cravache qui, selon Frears, serait à l’origine de la notion de suspense au cinéma, comme le confirme Hitchcock dans une interview : il était prévenu le vendredi qu’il recevrait trois coups de bâton, et le lundi il venait chercher sa sentence. Depuis ce jour-là, le cinéma anglais avance donc à coups de cravaches. Frears fait ses débuts d’assistant-réalisateur en 1968, dans If de Lindsay Anderson, film qui tire à boulets rouges sur l’institution du collège et où Malcom McDowell, élève rebelle, descend son proviseur. Un geste hautement symbolique préfigurant le parcours de Frears cinéaste, qui maniera plus tard le lance-roquettes pour contrer la société thatchérienne. A côté de cette histoire intime qui aurait dû constituer le centre de ce documentaire, Frears écorne quelques idées reçues : les conceptions fantaisistes des critiques des Cahiers jaunes sur le cinéma anglais, symbolisées par la phrase célèbre de Truffaut : « Les termes cinéma et anglais sont antinomiques » ; l’axe Londres-Hollywood, la capitale anglaise étant généralement perçue comme une cité de passage pour les metteurs en scène britanniques en partance pour l’Amérique, alors que beaucoup d’entre eux ont fait carrière dans leur pays (Michael Powell, Anthony Asquith, Ken Loach) ; les rapports cinéma/télévision, cette dernière n’ayant jamais été un enterrement de première classe pour les cinéastes anglais, mais au contraire un lieu privilégié pour bâtir leur œuvre. Il est malheureusement dommage que le film de Frears cherche trop à jouer le jeu de l’historiographie traditionnelle un cadre chronologique qui, dans un format de 52 minutes, se solde par un survol trop rapide du cinéma anglais avec, au passage, quelques oublis incroyables : Karel Reisz, Terence Fisher, Richard Lester ou John Schlesinger.
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