Engagé sur des pistes intéressantes , Le Plus bel âge s’embourbe malheureusement dans le maniérisme. Un sujet et un univers peu courants au cinéma (les rites initiatiques dans les classes préparatoires aux grandes écoles), le scénario original d’une jeune fille, Claire Mercier, collaboratrice de Desplechin, un titré « emprunté » à Paul Nizan, quelques-uns des comédiens les […]
Engagé sur des pistes intéressantes , Le Plus bel âge s’embourbe malheureusement dans le maniérisme.
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Un sujet et un univers peu courants au cinéma (les rites initiatiques dans les classes préparatoires aux grandes écoles), le scénario original d’une jeune fille, Claire Mercier, collaboratrice de Desplechin, un titré « emprunté » à Paul Nizan, quelques-uns des comédiens les plus talentueux de leur génération, le tout sous là houlette bienveillante de Didier Haudepin, acteur, réalisateur et producteur émérite : autant d’indices qui faisaient du Plus bel âge un film plutôt attendu. De fait, les ambitions romanesques et esthétiques de Didier Haudepin sont, indéniables et tout à fait palpables. Dans l’univers clos d’une classe d’hypokhâgne, quelques élèves entament une espèce de ronde où il est question de sexe et de politique, de mort et de manipulation, d’innocence et de cruauté, du difficile passage de l’enfance à l’âge adulte. Drieu, Mauriac, Musil… des fantômes littéraires (plutôt anciens)hantent le film. Haudepin tente d’échapper au corset des mots, cherche une respiration en travaillant le cadre, les enchaînements de plans, en jouant sur les ellipses… Pourtant, le sentiment de fabriqué domine. Dialogues trop écrits, personnages trop emblématiques (l’Innocente, la Sacrifiée, le Dandy fasciste, etc.), mise en scène maniérée à force d’esthétisme trop conscient… l’exercice de style laisse la sensation d’un univers qui existe plus sur les pages d’un scénario que dans la vie. Loin d’être inintéressant, Le Plus bel âge se nourrit de toutes les bonnes références, il lui manque juste sa propre vie : du Desplechin mal régurgité, un Roseaux sauvages privé de sève. Dommage pour une bande d’acteurs dont le talent n’est pas en cause, et qu’on retrouvera bientôt.
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