On connaît sa famille d’adoption ? les surfeurs, notamment ceux de la côte basque, qui l’ont déjà acceptée comme une des leurs. On connaît ses parents biologiques : la sorcière Maddy Prior et Rick Kemp, deux légendes secouées du folk anglais des années 70 ? qu’ils ont largement détourné au sein de Steeleye Span. On […]
On connaît sa famille d’adoption ? les surfeurs, notamment ceux de la côte basque, qui l’ont déjà acceptée comme une des leurs. On connaît ses parents biologiques : la sorcière Maddy Prior et Rick Kemp, deux légendes secouées du folk anglais des années 70 ? qu’ils ont largement détourné au sein de Steeleye Span. On connaît aussi son frère de sang : Jeff Buckley, lui aussi rejeton d’un mythe halluciné du folk des seventies. A 21 ans, Rose Kemp n’a pourtant rien de la fille gâtée, spéculant mollement sur le nom de famille et les portes ouvertes par les liens de sang. C’est au culot, dans la démesure, la fièvre et la tension qu’elle taille à la machette les contours de son univers, avec une liberté de ton, une audace musicale et un goût pour la voltige en duo voix-guitare qu’on avait rarement croisés depuis Grace, justement.
Car qu’elle joue en solo ou avec son (excellent) groupe Jeremy Smoking Jacket, Rose Kemp semble incapable de s’en tenir à un plan de vol raisonnable et déposé, alternantles beautés pacifistes et les bousculades possédées avec une perversité digne de PJ Harvey ? notamment ici sur le somptueux Metal Bird, abattu en plein vol par un orage électrique. Pas étonnant que ce tourneboulant album, qui balaie les certitudes de son souffle soupe-au-lait et envoie valdinguer très haut la poussière de tant de songwriters folk, ait pour titre Une poignée d’ouragans’ : Rose Kemp les maîtrise, les excite et les libère, entre deux bonaces, avec sadisme et volupté. Un ange est passé, il voulait tout détruire.