Un an après la mort de Kurt Cobain, la diffusion de Live! Tonight! Sold out! restera comme le plus bel hommage possible à Nirvana. A l’heure des hommages foireux qu’on lui rend pour le premier anniversaire de sa mort prix de la question la plus stupide à un journal français pour cette merveille de […]
Un an après la mort de Kurt Cobain, la diffusion de Live! Tonight! Sold out! restera comme le plus bel hommage possible à Nirvana.
A l’heure des hommages foireux qu’on lui rend pour le premier anniversaire de sa mort prix de la question la plus stupide à un journal français pour cette merveille de bêtise : « Kurt Cobain est-il mort pour le rock ? » , Arte choisit l’option de la déférence en diffusant un film amendé par ses anciens collègues de Nirvana. « Avertissement : la conception originale et le montage initial de cette oeuvre datent de 92 et 93. Bien que les circonstances aient empêché ceux qui en avaient forgé la vision originelle de l’achever, un grand soin a été pris pour rester fidèle à leurs intentions. » A côté, même l’album Unplugged in New York prend des allures de grosse production. Live! Tonight! Sold out! est un film cru, qui ne se pose aucune question et ne répond à rien. Un film qui montre Cobain tel qu’en lui-même, petit punk frêle et teigneux. On y voit une succession de colères rock impressionnantes, entrecoupées de multiples « moments » en coulisse on retiendra cette confession touchante de Dave Grohl : « En général, je fais caca avant de monter sur scène. » Strictement musicalement, on s’incline trop rarement. Devant des versions imposantes de About a girl et Polly en concert à Seattle. Puis devant le sprint fulgurant de Breed. Enfin, devant cette admirable démonstration de punk-rock que devient Territorial pissings, jouée sur le plateau d’un Dechavanne anglais, avec destruction de matériel obligée. Mais l’essentiel est ailleurs : dans ce détachement qui habite le groupe, cette douleur, cette honte qui monte, cette manière unique de s’excuser d’être là. « On n’a jamais voulu jouer devant tout ce monde », confesse le chanteur, passager involontaire d’un train qui va trop vite pour lui, avant de remonter quand même une nouvelle fois sur scène. Tout ici ramène à ce constat terrible. Il y a méprise : Nirvana est une erreur, ce groupe ne peut pas vendre des millions de disques. Pas avec cette musique-là, malade, triste, brutale. Pas avec ce chanteur-là, tellement loin du monde. Evidemment, Cobain crève l’écran, à défaut d’impressionner par son chant écorché : Kurt se roule par terre, Kurt (dés)accorde sa guitare, Kurt en robe de femme, Kurt en fauteuil roulant son entrée sur scène au Festival de Reading en 92, mythique , Kurt nargue des journalistes neuneu, Kurt détruit Smells like teen spirit pendant l’émission Top of the Pops. Et puis évidemment, il y a le moment d’anthologie du film : une scène impensable, digne d’Abel Ferrara. En plein refrain de Love buzz, Kurt plonge dans le public, toute guitare devant. Le molosse qui le protège veut le retenir, tente de le ramener sur scène, mais le chanteur de Nirvana se rebelle contre son garde-chiourme, parfaitement ahuri. S’ensuit un échange de coups d’une violence inouïe, Stratocaster contre poing de fer. Le grand tout mou Novoselic bondit pour protéger son petit frère, d’autres videurs s’en mêlent : arrêt du combat par chaos. Ce Cobain-là fout la frousse : il a l’air capable du pire. Pour la première fois, on le sent prêt pour le grand saut.
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