Un personnage horripilant nous guide dans une fantaisie curieuse qui explore la zone floue entre réel et fiction. Il faut entendre la diction d’Augustin (Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, qu’est-ce que c’est que ce nom ? Qui c’est celui-là?) nerveuse, bégayante, hésitante, puis tout d’un coup enclenchée en quatrième vitesse, crachotant les mots à toute berzingue comme s’ils […]
Un personnage horripilant nous guide dans une fantaisie curieuse qui explore la zone floue entre réel et fiction.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Il faut entendre la diction d’Augustin (Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, qu’est-ce que c’est que ce nom ? Qui c’est celui-là?) nerveuse, bégayante, hésitante, puis tout d’un coup enclenchée en quatrième vitesse, crachotant les mots à toute berzingue comme s’ils brûlaient la langue. Ce débit saccadé est le signe le plus distinctif d’un personnage qui n’en manque pas. Augustin est coincé, obsessionnel, naïf, méticuleux, gonflé et, pour tout dire, pas franchement sympathique il est collant, servile et fayot au bureau, dénonce ses collègues à son chef… L’appréciation qu’on portera au court long métrage d’Anne Fontaine (une heure, pas une seconde de plus) dépendra forcément du degré d’empathie vouée au comique mais très agaçant personnage principal. Augustin agit plutôt comme un catalyseur et les personnages qu’il croise sont finalement plus intéressants que lui une employée chinoise dans un hôtel, un collègue homosexuel à la mélancolie gaie, ou un Thierry Lhermitte ébahi dans son propre rôle. Cette présence du comédien amène la question la plus intéressante de ce film curieux:
celle de l’ambiguïté entre fiction et documentaire, entre ce qui est préparé et ce qui est enregistré sur le vif. Les collègues d’Augustin sont-ils des comédiens ou de vrais employés de bureau ? Et la soubrette chinoise Thierry Lhermitte est-il réellement pris de court par sa confrontation avec Augustin ou feint-il la surprise ? Le dossier de presse répond à toutes ces questions, mais le film maintient cette zone floue qui est quand même devenue la tarte à la crème du cinéma contemporain.
Si Anne Fontaine a le mérite de l’explorer avec légèreté et fantaisie, elle reste quand même loin du Close up de Kiarostami, son modèle avoué.
{"type":"Banniere-Basse"}