En 1975, Robert Bresson publie les Notes sur le cinématographe. Sous ce titre, à première vue assez anodin, se cache l’une des réflexions les plus passionnantes et personnelles jamais menées sur l’art de filmer. Les Notes sont un recueil de réflexions, d’aphorismes, de pensées fortes formulées entre 1950, un an avant la sortie du Journal […]
En 1975, Robert Bresson publie les Notes sur le cinématographe. Sous ce titre, à première vue assez anodin, se cache l’une des réflexions les plus passionnantes et personnelles jamais menées sur l’art de filmer. Les Notes sont un recueil de réflexions, d’aphorismes, de pensées fortes formulées entre 1950, un an avant la sortie du Journal d’un curé de campagne, et 1974, année de Lancelot du Lac. Ce qui est immédiatement sensible, à la lecture, c’est le lien extrêmement fort entre la réflexion toujours en mouvement de Bresson et la pratique de metteur en scène, le travail quasi quotidien de l’écriture, du tournage, du montage. C’est la première force du texte: il prend son sens dans l’échange permanent entre théorie et pratique. Mais sous leurs dehors modestes, les Notes sont plus qu’une simple visite guidée de l’œuvre bressonnienne. Ecrites dans une langue très pure, à la rigueur toute pascalienne, ces quelques réflexions sont aussi un manifeste articulé pour une spécificité de l’art cinématographique par rapport à ceux qui l’ont précédé-peinture, littérature ou théâtre, ce grand antagoniste. C’est toute la différence que Bresson fait entre le cinéma et le cinématographe . Il englobe, sous l’appellation de cinéma ce qui de près ou de loin se rapproche du théâtre filmé?, et consacre un grande partie de ses notes à définir les ? démarcations’entre le théâtre et le cinématographe, art profondément irréductible à toute autre forme de création. Cela se joue à tous les niveaux: présence, jeu, mise en scène, regard du spectateur. ? (…) La substance d’un film peut être ……. chose ces choses que provoquent les gestes et les paroles et qui se produisent d’une façon obscure chez tes modèles. Ta caméra les voit et les enregistre. On échappe ainsi à la reproduction photographique d’acteurs jouant la comédie et le cinématographe, écriture neuve, devient conjointement méthode et découverte.?A partir du moment où les frontières sont fixées, Bresson peut insister sur tous les aspects originaux du cinématographe: nouveauté narrative d’abord ( Rapprocher les choses qui n’ont encore jamais été rapprochées et ne semblaient pas prédisposées à l’être ), importance du montage ensuite (« Montage. Passage d’images mortes à des images vivante. Tout refleurit »), conscience de la spécificité de son art et de ses moyens enfin ( Soumets ton film à la réalité de l’écran’).
On découvre, au fil des notes, une discipline individuelle, une pratique fondée sur le dépouillement et l’élaboration rigoureuse d’une théorie du cinéma(tographe). Meilleure introduction à l’œuvre de Bresson, les Notes sur le cinématographe, enfin rééditées en poche, sont aussi l’un des plus beaux actes de foi dans le cinéma(tographe), jusqu’à la splendide évidence finale : «Bâtis ton film sur du blanc, sur le silence et l’immobilité.?
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