Judge Dredd n’a pas besoin de figurer dans ce journal pour exister. Ecrire sur Stallone, de nos jours, revient à se faire mal ou à se faire plaisir, sans jamais parvenir à faire avancer un éventuel schmilblick dans sa carrière musclée et écervelée. La moindre stallonerie ne semble pouvoir être qualifiée que par une seule […]
Judge Dredd n’a pas besoin de figurer dans ce journal pour exister. Ecrire sur Stallone, de nos jours, revient à se faire mal ou à se faire plaisir, sans jamais parvenir à faire avancer un éventuel schmilblick dans sa carrière musclée et écervelée. La moindre stallonerie ne semble pouvoir être qualifiée que par une seule expression : au-delà du bien et du mal. Inutile, donc, de répéter pour la millième fois qu’un film de Stallone est un défi lancé à l’intelligence humaine, qu’il se démarque par un grave manque d’imagination et une absence totale de dialogues. Ce qui, sur ce point au moins, le rapproche des dernières pièces de Beckett ou de certains aphorismes de Cioran. Ce dernier aurait sans doute eu beaucoup à dire sur Judge Dredd, que l’on pourrait sous-titrer De l’inconvénient d’être né. Car le futur décrit par le film est dur, impitoyable, et ne vaut vraiment pas la peine d’être vécu. Judgs Dredd vient souligner à quel point les metteurs en scène des films de l’étalon italien sont interchangeables, Danny Cannon étant la dernière victime sacrifiée sur l’autel de la politique de l’acteur. Avant d’être l’adaptation d’une bande dessinée à succès, Judge Dredd semble être la concrétisation d’un rêve que Stallone caressait depuis le deuxième Rambo : un monde débarrassé de toute pesanteur administrative où flics et militaires peuvent enfin agir à leur guise sans se référer à une quelconque autorité. Judge Dredd se déroule dans une Amérique du XXIe siècle en proie à de graves troubles civils : SDF agressifs, loubards vindicatifs, meurtriers sadiques à chaque coin de rue, banlieues frustrées désireuses de gâcher les vacances des riches. C’est l’Enfer sur terre, un cauchemar éveillé, le bordel apocalyptique. Pour lutter contre sa déliquance galopante, cette société a mis en place une race de superflics habilités à juger un suspect et à l’exécuter. Pouvoir judiciaire et policiers sont donc concentrés en une seule main. La plus efficace est celle du Judge Dredd (Stallone, évidemment), investi de l’autorité d’un garde des Sceaux, mais dont l’éthique semble bien avoir été clonée sur celle de Charles Pasqua ou de Jean-Louis Debré. Dans Cobra, le flic que jouait Stallone répétait, tel un ritu aux malfrats qu’il allait descendre : « Tu es le mal, je suis le remède », le tout appuyé dans la presse par des déclarations tapageuses de l’acteur bègue qui ne cessait de réclamer la nécéssité d’un pouvoir fort et autoritaire aux Etats-Unis, à l’image de la présidence Reagan. Judge Dredd se présente comme la réalisation ultime de ce rêve, et décrit un monde heureux où le petit Stallone peut respirer pleins poumons et foncer dans le tas. Un monde où les Rambo et les Cobra ont enfin pris le pouvoir.
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