On peut désormais découvrir quelques échantillons d’un art méconnu : le cinéma porno IIIe République. Au programme de cette vidéo croustillante, huit courts métrages anonymes qui nous changent agréablement de la norme porno contemporaine telle qu’illustrée chaque mois sur Canal. Datant de l’enfance du siècle et de celle du cinéma, ces divertissements coquins alimentaient clandestinement […]
On peut désormais découvrir quelques échantillons d’un art méconnu : le cinéma porno IIIe République.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Au programme de cette vidéo croustillante, huit courts métrages anonymes qui nous changent agréablement de la norme porno contemporaine telle qu’illustrée chaque mois sur Canal. Datant de l’enfance du siècle et de celle du cinéma, ces divertissements coquins alimentaient clandestinement les maisons closes où battaient les nuits chaudes du gai Paris des années folles. On rassurera d’emblée l’obsédé de base, il ne s’agit pas ici de sexualité au rabais, masquée derrière un prude et hypocrite flou artistique : braquemarts au garde-à-vous, croupes offertes, parties à deux, trois, dans l’herbe, au lit, au bain, fellations goulues, brouettes japonaises… toute la gamme est présentée en vitrine. Dans la France de la IIIe République, les mœurs érotiques n’avaient rien de suranné on s’en doutait, mais en voilà la preuve par l’image. Des bourgeoises dévergondent leur chauffeur, noir, comme par hasard ; ou encore, un monsieur sonne sa servante pour, bien entendu, exercer son droit de cuissage : autres temps, mêmes fantasmes liés à des rapports de classes et de domination. On aime bien les filles de l’époque : loin des cyber-blondes actuelles, pubis tondus comme des pelouses anglaises, décathloniennes du sexe tout juste propres à faire bander un robot, les films des années 30 réhabilitent la brune grassouillette et fessue, la toison pubienne bien préservée de l’action policière des rasoirs. Esthétiquement, il y a autant de différence entre ces films et les productions Marc Dorcel qu’entre une goualante de Fréhel et une brâmerie d’Ophélie Winter. Le porno d’aujourd’hui est éclairé comme une salle de médecine légale, monté à la tronçonneuse selon un principe qui morcèle les corps comme on découpe les quartiers de bœuf à Rungis : au bon vieux temps du gai Paris, même si l’on avait déjà inventé le gros plan couilles rabattues, on filmait plus généralement en plans larges, préservant ainsi l’intégrité des corps plutôt que l’usine à coït de maintenant, le porno semblait se tourner dans la joie, sans compter l’excitation supplémentaire de se livrer à un petit jeu clandestin. Dernière bonne surprise de ces films de maisons closes, le rapport inédit entre la forme et le contenu : c’est-à-dire que lorsqu’on voit une image tremblotante en noir et blanc, accompagnée d’une bande-son muette limitée aux notes d’un piano ragtime, un processus cinéphilo-pavlovien convoque dans notre esprit la silhouette de Charlot ou les yeux de Lilian Gish, tout un pan du cinéma, parfois érotique, jamais ouvertement sexué, morale oblige. Et là : du cul, du cul, du cul ! Comme si l’on découvrait nos grands-parents dans la sève de leur jeunesse. Comme si l’on venait de découvrir une image manquante au tableau que l’on se fait du début du siècle. L’intérêt de cette vidéo est triple : esthétique, historique, et quand même, charrions pas trop, surtout érotique.
{"type":"Banniere-Basse"}