Sur l’affiche, un angelot gît nu, cloué sur le fond blanc par une flèche. Au-dessus de lui, en rouge, un slogan, “Tout est trash sauf l’amour” ; au-dessous, en noir, un titre, Tendre galère. L’ensemble, assez disqualifiant, tout le monde est d’accord, introduit à un film (mouais…), anglais (aïe !), de Mike Sarne (hein ?). […]
Sur l’affiche, un angelot gît nu, cloué sur le fond blanc par une flèche. Au-dessus de lui, en rouge, un slogan, « Tout est trash sauf l’amour » ; au-dessous, en noir, un titre, Tendre galère. L’ensemble, assez disqualifiant, tout le monde est d’accord, introduit à un film (mouais…), anglais (aïe !), de Mike Sarne (hein ?). Sa biographie nous rappelle qu’il composa en 1962 une chansonnette (Come outside) avant de se convertir au cinéma et passer en frêle bourrasque à Hollywood qui ne devait pas lui pardonner son Myra Breckinridge avec Mae West, lequel racontait la métamorphose après opération d’un critique de cinéma en femme fatale. Le sujet, pour vivace qu’il soit (y compris au sein de la rédaction de ce journal où le cas de figure s’est présenté sans qu’on puisse en dire plus pour le moment), était tabou. Sarne, sitôt défait, se retire avec un haussement d’épaules. Fin du premier acte. On aurait pu, sans trop de perte, s’en tenir là, n’était la mode des come-back qui pousse Mike Sarne, tel Racine ou le refoulé, à organiser son propre revival. De ces cendres ranimées d’un coup de tison intempestif naît donc ce Tendre galère de morte saison, The Punk en VO, et qui raconte l’idylle entre David, fils de prolo, et Rachel, fille de bourgeois. Quelque chose d’un peu aberrant, assimilable, pour mieux cadrer l’entreprise, à une chanson des Sex Pistols reprise en nuisette par Céline Dion, qui ne dilacère pas pour rien ses nounours à longueur de clip.
David, gaga-punk en solde, écrêté, fait des bruits avec sa bouche en grattant sa guitare, menace de sortir son sexe sous le balcon de la belle, se roule dans l’herbe avec des amis en kilt à trous et explose une pilule d’ecsta qu’un vilain junkie lui avait aimablement offerte. Parce que, attention, David, tout révolté qu’il soit, ne donne pas dans le panneau de ces saloperies. Sa drogue, c’est l’amour ! Quelle plaie ! Jetez-lui l’huile bouillante ! Arrachez-lui un bras !
Bon, abrégeons. Tendre galère passe ainsi plutôt mollement le mur du culcul et trottine en chaussons, à peine rehaussé de-ci, de-là par la prose en liseré des sous-titres qui comptent quelques perles (« T’es ouf », « Gravos, cette soirée… ») ou telle scène de chromos érogènes où le jeune couple, toute lutte des classes abolie, baisouille, et c’est fort touchant, ma foi. Bof, pas de quoi s’énerver au fond, à peine une 4e dimension, 2 et demi à tout casser. Plus has-been que vraiment ovnique, une heure trente d’anachronismes « rock », le temps pour le pigiste de se sentir miteux dans sa vie de taupe perpétuelle, de récapituler la liste de ses échecs, de tenter d’entrer en contact avec sa voisine de fauteuil (à droite) ou son voisin (à gauche) et, après force reptations plutôt ridicules et franchement inutiles, excédé, plus seul que jamais, d’ourdir une vengeance atroce, canon de revolver dans la bouche du rédac’ chef, corps découpé à la tronçonneuse du distributeur, suicide au Butane-Kir-Neuronal. Macérations qui finissent comme d’hab’ dans ces quelques paragraphes indignes. No future, disiez-vous ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}