Recréée avec deux interprètes d’exception, l’œuvre de l’Américain créée en 1977 est d’une telle pureté qu’elle semble taillée pour défier éternellement le temps.
Le sidérant de l’affaire, c’est qu’avec cette recréation de I Was Sitting on My Patio…, pièce mise en scène par Robert Wilson en 1977, on prend pleinement la mesure de l’esthétique hors norme que l’artiste américain met en œuvre sur le plateau en se démarquant des préoccupations artistiques et des tendances graphiques de son époque. Il impose son style dans une épure théâtrale d’une précision millimétrique, qu’il éclaire sous des lumières passant par toutes les nuances grisées de la glace.
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Apparaissant en contre-jour, les percements de ce patio ouvrent sur un salon où le jour s’immisce, au fil de six tableaux, en suivant le mouvement d’un soleil hypothétique. Là se joue le cérémonial d’un même monologue, incarné successivement par un homme et une femme aux allures de gravures de mode sorties d’un magazine des années 1930.
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Pionnier
Jouée par Robert Wilson et la chorégraphe Lucinda Childs lors de la création, la pièce est reprise aujourd’hui par deux interprètes magnifiques ; l’acteur allemand Christopher Nell et la danseuse australienne Julie Shanahan, exfiltrée pour l’occasion du Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch.
Alors que le public prend place, la soirée commence par s’amuser de l’interminable sonnerie d’un vieux combiné de téléphone placé à l’avant-scène. Avec ce texte, Robert Wilson rend un hommage aux auteurs européens des années 1950. On pense aux confessions de La Voix humaine de Jean Cocteau et au procédé cher à Samuel Beckett de rejouer son texte deux fois lors de la représentation… sauf qu’avec Robert Wilson, l’artiste s’affranchit en pionnier de la barrière des genres en proposant qu’il soit incarné par un homme puis par une femme. Après avoir traversé le temps durant quarante-quatre ans, la capsule nous parvient intacte dans la pureté inclassable qui présidait au jour de sa création.
Robert Wilson a fêté ses 80 ans le 4 octobre dernier et sa créativité ne lui laisse aucun répit… sachant qu’il reprend dans la capitale Jungle Book, sa très ludique adaptation du Livre de la jungle de Rudyard Kipling, avant d’enchaîner avec la création à l’Opéra Bastille de Turandot de Giacomo Puccini. Bon anniversaire, Monsieur Wilson.
I Was Sitting on My Patio This Guy Appeared I Thought I Was Hallucinating texte, conception et mise en scène Robert Wilson, jusqu’au 23 octobre dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, Théâtre de la Ville-Espace Cardin, Paris.
Jungle Book d’après Rudyard Kipling, mise en scène, décors et lumières Robert Wilson, du 30 octobre au 20 novembre dans le cadre du Festival d’Automne à Paris, Théâtre de la Ville hors les murs au Théâtre du Châtelet, Paris.
Turandot de Giacomo Puccini, direction musicale Gustavo Dudamel, mise en scène Robert Wilson, du 4 au 30 décembre, Opéra Bastille, Paris.
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