Nos dix morceaux préférés du leader, chanteur et producteur. Du tube planétaire “Girls and Boys” de Blur au renversant single “Sabali” d’Amadou et Mariam, les pépites d’une discographie pléthorique qui traverse les trente dernières années.
Blur Girls and Boys (extrait de Parklife, 1994)
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Il aura donc fallu attendre le troisième album de Blur pour entendre le premier tube planétaire de la bande de Damon Albarn. Titre d’ouverture du classique Parklife, Girls and Boys détonne dans le répertoire de Blur par son caractère discoïde perceptible dès les premières notes. Si la voix de Damon Albarn ne débarque qu’au bout de trente secondes (“Street’s like a jungle/So call the police”), la mélodie Super Glue emporte aussitôt le morceau. À la fois jubilatoire et totalement addictif, Girls and Boys sera couronné d’un Brit Award du meilleur single britannique et remixé par les Pet Shop Boys – les dancefloors du monde entier s’en souviennent toujours.
Gorillaz Clint Eastwood (extrait de Gorillaz, 2001)
En balance avec le visionnaire Tomorrow Comes Today (digne du meilleur des Specials), ce titre est l’autre single-phare du premier album de Gorillaz, le collectif virtuel créé par Damon Albarn et Jamie Hewlett en 1998. Sur Clint Eastwood, porté par son beat lancinant et son refrain mémorable (“I ain’t happy, I’m feeling glad/I got sunshine in a bag/I’m useless but not for long/The future is coming on”), on retrouve au générique le brillant producteur Dan the Automator et le rappeur Del the Funky Homosapien (du duo Deltron 3030), qui fait le contrechamp vocal avec 2D (l’avatar cartoonesque d’un Damon qui imite même les jappements d’un chien). Le clip s’amuse à parodier celui de Thriller de Michael Jackson, quand les zombies dansent sur la même chorégraphie.
Mali Music Spoons (extrait de Mali Music, 2002)
Album en forme de grande évasion pour le songwriter anglais métamorphosé par un voyage au Mali, qui trouve sur le continent africain un nouveau terrain de jeu et d’expression, Mali Music est la première référence du label Honest Jon’s Records, que Damon Albarn a cofondé, en 2001, avec le disquaire éponyme. Parmi les seize morceaux de l’album en collaboration avec Afel Boucoum, Toumani Diabaté et autres, Spoons chavire d’entrée l’auditeur·trice par son atmosphère tamisée jouée par The Symmetric Orchestra et cette voix absolument prenante, qui semble trouver là une nouvelle tessiture et un horizon musical pour les années à venir.
Blur Out of Time (extrait de Think Tank, 2003)
Sans Mali Music, Think Tank, le septième album de Blur (désormais sans Graham Coxon), n’aurait sans doute pas eu cette teneur, loin de la britpop qui fit la renommée du groupe. Indémodable chef-d’œuvre, ce disque, enregistré entre l’Angleterre et le Maroc, est illustré par le graffeur Banksy sur une pochette visionnaire et contient plusieurs perles. À commencer par la bien nommée ballade Out of Time, trois minutes et cinquante-trois secondes extatiques et littéralement intemporelles : “Tell me I’m not dreaming/But are we out of time?/We’re out of time.”
The Good, the Bad and the Queen Herculean (extrait de The Good, the Bad & the Queen, 2007)
Après Blur et Gorillaz, l’insatiable Damon Albarn monte un super-groupe imaginé à Lagos avec le bassiste de The Clash (Paul Simonon), le guitariste de The Verve (Simon Tong) et le batteur de Fela Kuti (Tony Allen, qui ne va plus quitter le giron albarnien jusqu’à sa mort, au printemps 2020). L’envie est simple comme bonjour : s’entourer des meilleurs pour composer une pop mélancolique. Remarquablement produit par Danger Mouse, ce single inaugural de The Good, the Bad and the Queen (deux albums seulement depuis 2007) est tout sauf herculéen, reflétant même des couleurs gospel.
Amadou et Mariam Sabali (extrait de Welcome to Mali, 2008)
De Mali Music à Africa Express, l’Anglais stakhanoviste enfile sa casquette de producteur sur Welcome to Mali, un album d’Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia, le plus célèbre couple malien. Sur les trois titres qu’il produit, c’est sur le single Sabali que Damon Albarn fait des étincelles en déclenchant une boucle électronique sur cette ballade sentimentale qui use superbement de quelques effets vocoderisés. Une tournerie imparable pour ce tube radiophonique, dont les paroles résonnent encore : “Chérie, je te fais un gros bisou/Je t’embrasse fort/Bye bye.”
Gorillaz On Melancholy Hill (extrait de Plastic Beach, 2010)
Multipliant les interprètes (Snoop Dogg, Mos Def, De La Soul, Gruff Rhys, Mark E. Smith, Lou Reed, Bobby Womack) sur leur troisième album engagé, 2D, Murdoc, Noodle et Russel se recentrent sur ce single détonant. En trois minutes trente (format pop par essence), On Melancholy Hill fait le grand pont entre Blur (la voix reconnaissable entre mille de Damon Albarn) et Gorillaz (ballade synthétique faussement nonchalante).
Damon Albarn Apple Carts (extrait de Dr Dee, 2012)
Neuf ans après un double 25 cm, Democrazy, en forme de laboratoire foutraque édité sous son patronyme, Damon Albarn revient (presque) en solo et met en musique cet opéra écrit autour de son compatriote John Dee, célèbre mathématicien, astronome, astrologue et géographe qui vécut à l’époque de règne d’Elizabeth Ire au XVIe siècle. Des dix-huit titres figurant sur Dr Dee, Apple Carts se dégage instantanément du lot par sa mélodie belle à pleurer et cette voix céleste, murmurée sur le ton de la confidence : “Love does reign in the kingdom of the broken heart/The blackbird sings/And the moon it laughs/As war begins, dance.” Beau comme du Bowie.
Tony Allen Go Back feat. Damon Albarn (extrait de Film of Life, 2014)
Inséparable compagnon de route depuis 2007, le batteur légendaire de Fela multiplie les associations de bienfaiteurs avec Damon Albarn (The Good, the Bad & the Queen, Rocket Juice & the Moon) jusqu’à ce que ce dernier lui rende la pareille en coécrivant deux titres sur l’album Film of Life, dont ce Go Back interprété magnifiquement par le chanteur londonien. Une génération d’écart entre ces deux-là, mais la même classe internationale.
Damon Albarn The Selfish Giant (extrait d’Everyday Robots, 2014)
Considéré comme le premier album solo officiel de Damon Albarn, Everyday Robots paraît exactement un an avant The Magic Whip, le disque inespéré de Blur reformé avec Graham Coxon et dont My Terracotta Heart aurait mérité une place dans ce top 10 forcément subjectif et imparfait. Produit par Richard Russell (l’homme de XL Recordings), ce disque dévoile le penchant contemplatif et sophistiqué de son auteur, qui semble arrêter le temps pendant ces quatre minutes et quelque touchées par la grâce. Giant steps.
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