SERIAL MOTHERde John Waters, avec Kathleen Turner, Sam Waterston, Ricki Lake (1993, E-U, 90 mn, VO) Avec un art consommé de la schizophrénie, John Waters associe à la perfection les codes d’un format classique grand public et les gimmicks burlesques d’un film trash. Période trash (avant Hairspray) ou période plus mainstream (après Hairspray), dans chacun […]
SERIAL MOTHER
de John Waters, avec Kathleen Turner, Sam Waterston, Ricki Lake (1993, E-U, 90 mn, VO)
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Avec un art consommé de la schizophrénie, John Waters associe à la perfection les codes d’un format classique grand public et les gimmicks burlesques d’un film trash.
Période trash (avant Hairspray) ou période plus mainstream (après Hairspray), dans chacun de ses films, John Waters révèle sur le mode burlesque les névroses d’une Amérique bourgeoise et blanche, pavillonnaire et puritaine, pétrie de faux-semblants et de refoulements. Serial Mother fait figure de chef-d’œuvre du genre. Quelque part, dans la banlieue aisée de Baltimore où tout n’est qu’ordre et propreté, une femme au foyer rassemble toutes les qualités pour assurer le bonheur de son mari dentiste et de ses deux enfants.
Mais le décor idyllique se craquelle dès les premiers plans : la mère dévouée va se mettre à massacrer tous ceux qui approcheraient d’un peu trop près ses plates-bandes. C’est sur le motif de cette schizophrénie (mère au foyer idéale/serial killer sanguinaire) que John Waters construit son film. D’un côté une architecture classique, au cordeau : progression en crescendo, sens hitchcockien du suspense et esthétique de comédie musicale, le tout évoquant Tim Burton période Edward aux mains d’argent. De l’autre, l’inévitable Waters’ touch bien trash : on tombe inévitablement sur une fumeuse de joints qui trippe mal, des mouvements de panique grotesques, des situations aussi farfelues que le meurtre d’une vieille à grands coups de gigot. L’esthétique du film va et vient harmonieusement entre galerie de porcelaine délicate et match de catch dans un magasin
de farces et attrapes. Schizophrénie ? Parfaitement assumée depuis Hairspray, cette combinaison cinéma grand public/cinéma trash atteint ici des sommets de burlesque.
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