Dans le dernier épisode de “Bliss Stories”, podcast consacré à la maternité, Chantal Birman, militante féministe à la retraite, revient sur un demi-siècle passé au chevet des femmes.
“Entre la vie et la mort, les femmes choisissent toujours la liberté.” Cette citation, si juste, on la doit à Chantal Birman, 71 ans, sage-femme aujourd’hui à la retraite, qui se confie au micro de Clémentine Galey dans le dernier épisode de l’excellent podcast consacré à la grossesse et à la maternité, Bliss Stories.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Si, habituellement, la journaliste reçoit des jeunes mères pour évoquer leurs expériences maternelles “sans filtre” – du deuil périnatal à la dépression post-partum en passant par la PMA –, elle fait ici une exception en invitant Chantal Birman.
La reconnaissance qu’elle mérite
Vous auriez pu ne jamais connaître le nom de cette femme incroyable si la réalisatrice et actrice Aude Pépin ne lui avait consacré un documentaire poignant intitulé À la vie, en salle depuis le 20 octobre. Cette combattante de l’ombre reçoit enfin la reconnaissance qu’elle mérite après plus de cinquante ans passés au chevet des femmes.
Au cours de cet entretien d’1h30, Chantal Birman se livre avec un franc-parler sans pareil sur le métier de sage-femme qu’elle a exercé toutes ces années durant, au moment même où ses pairs se mettent de nouveau en grève pour réclamer davantage de moyens humains et pour revaloriser leur statut au sein de la fonction publique.
Le prix de la liberté
En l’écoutant, on replonge dans la France de la fin des années 1960 : Chantal Birman, 17 ans à l’époque, entame ses études à l’école parisienne de sages-femmes Baudelocque et, à l’occasion de son tout premier stage, se retrouve confrontée à des femmes qui avortent clandestinement au péril de leur vie.
Maltraitances gynécologiques, curetages à vif et réflexions malveillantes du personnel hospitalier, Chantal Birman n’a rien oublié : “Je devais surveiller l’arrivée de la septicémie, se souvient-elle, et quand il y avait trop de frissons, je prévenais l’infirmière […] et la femme était transférée en réanimation à l’hôpital Cochin. […] Je pense qu’il y en avait au moins une sur deux qui mourait.”
À lire aussi : Féminismes : “Le MLF a été une rupture politique radicale”
De cette expérience marquante sont nés sa vocation et son engagement. Cette ancienne militante au Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (Mlac) découvre l’accompagnement bienveillant des femmes à la maternité des Lilas, dans laquelle elle travaillera durant quarante années avant d’exercer ensuite en libéral, à domicile, pour être au plus près de celles qui donnent la vie. Le prix de la liberté conquise par les femmes, leur courage et leur résilience, c’est ce que nous rappelle avec beaucoup d’humanité le récit de Chantal Birman dans ce podcast.
À lire aussi : Avec Matergouinité, elles veulent politiser l’image des maternités lesbiennes
Bliss Stories de Clémentine Galey, réalisé par Claire Sarfati (Bliss Studio).
{"type":"Banniere-Basse"}