Un singulier mélodrame animalier à apprécier pour Nicolas Cage et pour son approche spleenétique du film de vengeance.
Avec un tel titre, un tel pitch (un homme se fait voler son cochon chéri, il est prêt à tout pour le retrouver) et un tel casting (Nicolas Cage, dont les choix de carrière erratiques ont fini par décourager même ses plus grand·es fans d’en cartographier toutes les crevasses situées à l’ombre de la VOD), il n’aurait pas été illogique de s’attendre à une sorte de parodie. Or la réussite de Pig tient d’abord, précisément, dans l’absolu sérieux avec lequel son réalisateur débutant (Michael Sarnoski) aborde ses drôles d’idées.
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Le film est ainsi au revenge movie (type John Wick) ce que First Cow était au western : une révision délicate d’un genre viril, un mélodrame animalier (dans le fascinant milieu de la gastronomie truffière, ce n’est pas une blague) et un éloge de la “slow life” contre l’exploitation capitaliste de la nature et des hommes.
La localisation du drame dans les forêts d’Oregon invite par ailleurs à la comparaison avec le film de Kelly Reichardt, malgré les deux siècles qui séparent leurs intrigues.
First Cow, œuvre d’une cinéaste au sommet de son art, reste toutefois bien plus accompli. Sarnoski, pour son premier long métrage, est resté dans les plots du cinéma indépendant américain, avec sa structure narrative classique et sa mise en scène très sage – quoiqu’élégante et réussissant à faire ressentir la fatigue existentielle de son héros.
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Car c’est bien lui, interprété par un Nicolas Cage qu’on n’avait pas vu aussi convaincant depuis Mandy en 2018 (et malgré les douze films qu’il a tournés depuis…), qui porte le film sur ses épaules. Le jeu de l’acteur est ici, pour le coup, aux antipodes du maximalisme horrifique convoqué par Panos Cosmatos, s’épanouissant dans la tension jamais relâchée, dans ce creux de la vague qu’on sait potentiellement un tsunami pour l’avoir déjà vue déferler. Rien n’est plus beau qu’un homme qui s’empêche.
Pig de Michael Sarnoski, avec Nicolas Cage, Alex Wolff, Adam Arkin (É.-U., 1h31, 2021). En salle le 27 octobre.
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