Une satire sans grandes nuances, mais qui a l’originalité de sauter à pieds joints dans le marigot de la politique américaine.
BOB ROBERTS
de Tim Robbins, avec Giancarlo Esposito, John Cusack, Alain Rickman (1992, Etats-Unis, 100 mn)
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Tirant à boulets rouges sur les Républicains américains et l’extrême droite, le film se passe fin 1990, à l’époque des prémisses de la guerre du Golfe. C’est un pseudo-documentaire sur la campagne électorale d’un candidat au Sénat,
un Mr. Smith qui serait devenu un cynique professionnel ; un monstre charismatique qui déclenche le fanatisme en exploitant le puritanisme américain… Acteur-réalisateur, Robbins est un Orson Welles synthétique, qui
joue un Citizen Kane dépourvu de mystère et de démesure. Cependant, en soi, son personnage composite est bien vu et amusant. Bob Roberts est un « protest-singer » de droite ; un Dylan WASP aux cheveux gominés et au costard de businessman, qui stigmatise avec une démagogie suintant la haine le laxisme des institutions et des mœurs américaines. Sorti à l’époque de George Bush 1, le film et son héros annoncent George Bush 2 avec une prescience glaçante. Cela dit, on ne peut pas ignorer les limites du film, dues à la lourdeur de la caricature. La satire à l’emporte-pièce des démagogiques manipulateurs de droite finit par être elle-même démagogique. La dénonciation reste à la surface de l’image publique, et ce faux documentaire s’empêtre dans les figures imposées par son dispositif même. De plus, on ne croit pas beaucoup à la profondeur de l’abjection supposée d’un personnage au bout du compte assez lisse. Sympathique pochade mais petit film politique.
{"type":"Banniere-Basse"}