Elle est à l’affiche de “Tralala” d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu et on la verra bientôt chez Antonin Peretjatko dans “La Pièce rapportée”. Rencontre avec Josiane Balasko.
Elle est géniale en mère tendre d’un Mathieu Amalric à l’identité usurpée dans Tralala, la comédie musicale des frères Larrieu. En décembre, c’est en grande bourgeoise acariâtre, et toujours mère, cette fois-ci de Philippe Katerine, qu’on la retrouvera dans La Pièce rapportée, le troisième long métrage d’Antonin Peretjatko.
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Deux comédies d’auteur et l’occasion d’interroger l’actrice et réalisatrice sur son métier et son rapport à la jeune génération.
Est-ce que vous avez le sentiment que Tralala et La Pièce rapportée marquent un tournant dans votre carrière ?
Disons que c’est un élargissement qui a commencé il y a quelques années quand Hélène Fillières m’a mis en scène au théâtre dans La Femme rompue de Simone de Beauvoir. À ce moment-là, pas mal de réalisateurs sont venus me voir, ils me découvraient sous un autre jour. Ça m’a permis de travailler avec Claire Denis, Pascal Bonitzer, des gens comme ça… Puis Antonin Peretjatko, que je ne connaissais pas. J’ai découvert ses films et son univers particulièrement savoureux. C’était très drôle de jouer ce personnage complètement fou de vieille femme paralytique et exécrable. Une amie cinéphile m’avait parlé de lui, elle m’avait dit “il faudrait absolument que tu travailles avec ce type, ça collerait très bien avec ton univers”. Il y a une folie chez Antonin, une folie qu’il contrôle, mais qui est là. Quand on faisait Le Père Noël, c’était ça aussi, on était dans la folie, on faisait des personnages qui étaient complètement hors des normes communes.
Et les frères Larrieu, vous connaissiez leur travail ?
Non, mais vous savez, je ne connais pas grand chose à vrai dire. Les réalisateurs, je les découvre au fur et à mesure. Les Larrieu, je les ai découverts à la lecture du scénario qui m’a emballée, il y avait quelque chose de totalement nouveau, un peu comme chez Peretjatko d’ailleurs. La manière qu’ils ont de raconter une histoire est vraiment originale. Ils sont à l’image de leur film, ce sont des gens généreux, ouverts. J’ai très vite fait partie de la famille. J’ai rencontré aussi des acteurs, dont Mathieu [Amalric] que je ne connaissais bien sûr, mais que je n’avais jamais approché, Denis Lavant, Mélanie Thierry… D’un seul coup, le cercle s’est agrandi. J’étais très contente de découvrir d’autres univers, d’autres personnes, c’est ce qui est formidable dans ce métier, c’est qu’à 71 ans, je puisse découvrir encore autre chose. Chez Antonin Peretjatko, c’était très amusant de jouer avec Anaïs Demoustier, Philippe Katerine parce qu’il y avait une unité, la famille fonctionnait très bien.
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Ce sont deux films d’auteurs, deux comédies, qui semblent dessiner une voie nouvelle dans votre filmographie…
Oui ou du moins qui me font travailler autre chose, je ne sais pas si ça va ouvrir une nouvelle voie, ça ne dépend pas de moi.
Ça vous donne envie de solliciter des cinéastes avec lesquels vous aimeriez tourner ?
Non, j’attends que ça vienne, je ne peux pas forcer les gens. En 89, j’ai fait Trop belle pour toi qui aurait pu marquer un tournant et qui ne l’a pas marqué. Il a fallu attendre Guillaume Nicloux, bien plus tard, qui me propose Cette femme-là (2003). Mais je n’ai jamais attendu qu’un film puisse orienter ma carrière. J’écris des pièces, je joue au théâtre, ça me suffit et quand quelqu’un a envie de me rencontrer, je suis ravie mais je ne vais pas provoquer une rencontre.
Est-ce qu’il y a des jeunes cinéastes, auteur·trices qui vous intéressent aujourd’hui ?
À vrai dire, je ne suis pas trop tournée vers les jeunes générations, qui sont d’ailleurs très actives. Je suis désolée pour elles hein, en revanche quand elles s’intéressent à moi, c’est formidable. Je vois bien que le cinéma français est très vivant, qu’il y a plein de jeunes qui font des films et qui les font bien, mais je ne suis pas cinéphile, je suis désolée d’avoir à vous dire ça. Je l’ai été, je ne le suis plus. J’ai d’autres occupations, j’écris, je fais du théâtre. Depuis que j’ai commencé mon boulot, je n’ai jamais attendu. On a travaillé avec le Splendid, on a fait nos pièces, on a fait des films parce que d’un seul coup ça a fonctionné, ensuite j’ai commencé à réaliser parce que je n’avais pas de boulot comme actrice, je ne rentrais pas dans les cases du système. Les choses arrivent ou n’arrivent pas.
J’ai lu que vous aviez une passion pour le jeu vidéo…
Oh une passion non, c’est un truc, un toc, une obsession, j’aime bien jouer à des jeux de stratégie le matin chez moi, tranquille, ça me vide la tête.
Vous y jouez tous les matins ?
Ben oui, quand on a un royaume faut bien s’en occuper (rires) ! Ça a l’air ridicule hein !
Vous écrivez aussi des romans d’aventure…
J’ai publié, il y a deux ou trois ans, un recueil de nouvelles fantastiques parce que j’ai été fan du fantastique dans les années 1970. A l’époque, on découvrait les grands auteurs anglo-saxons. Et puis comme j’aime bien me lancer des défis, je me suis dit que j’allais écrire un bouquin d’aventure alors que je ne savais pas du tout le faire.
Vous aimeriez jouer dans un film de SF ?
J’ai peur que ce soit un peu physique pour mon âge (rires), j’ai l’impression que le genre est peu utilisé en France même si ça s’ouvre de plus en plus. Les sujets se sont élargis, on peut faire des films de genre sans que ce soit honteux… C’est une formule qui est dominée par le cinéma américain qui nous abreuve de séries post-adolescentes.
Vous regardez des séries ?
Ça m’arrive, notamment des séries françaises, des séries policières du genre Astrid et Raphaëlle, Les Invisibles… Je regarde ça sur Salto, ça m’arrive de regarder des documentaires sur Netflix.
Vous disiez que vous n’étiez pas trop cinéphile, mais est-ce que vous allez un peu au cinéma ou très peu ?
J’y vais peu, je vois des films, mais je les vois sur les plateformes, pour moi une salle de cinéma a toujours été une salle d’examen, on va voir mes films, on va les fusiller donc j’ai encore cette notion que le lieu du cinéma est une salle d’examen. Mais j’adore regarder des films anciens, récemment, j’ai re-regardé La Mort aux Trousses qui est génial. C’est un film que je peux voir assez souvent, mais aussi Certains l’aiment chaud, Les Enfants du paradis, Quai des Orfèvres…
Est-ce que c’est le côté frondeur, satirique du cinéma d’Antonin Peretjatko qui vous a plu aussi ?
Oui, par exemple toutes ses histoires sur la chasse, moi qui suis anti-chasse, d’autant plus anti-chasse à courre, ça me fait beaucoup rire. Peretjatko va assez loin et il est prêt pour partir encore plus loin si vous avez une idée à lui donner, c’est ça qui est rigolo ! Bon, je ne suis pas là pour réécrire l’histoire, mais de temps en temps comme tout acteur, on a une idée sur un truc et si ça rentre dans l’histoire, il n’y a pas de problème. Sa part d’engagement, ce sont ses films, je les ai vus et je les ai appréciés, il a le mérite de faire passer son engagement par la comédie, par le rire, même si parfois, on rit jaune, et ça, c’est formidable. La politique, c’est la cerise sur le gâteau. Un film est réussi quand le scénario est réussi, quand les comédiens sont crédibles, quand c’est filmé d’une manière élégante et après, il y a le message. De ce point de vue, les Larrieu aussi ont tout réussi.
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