Le petit Léolo supporte les traumas d’une enfance limite-limite par sa capacité à rêver. L’un des meilleurs films québécois.“Parce que je rêve, je ne le suis pas”, répète le petit Léolo tout au long du film. Pas quoi ? Pas cinglé, comme s’avèrent l’être à peu près tous les membres de sa famille ? Pas […]
Le petit Léolo supporte les traumas d’une enfance limite-limite par sa capacité à rêver. L’un des meilleurs films québécois.
« Parce que je rêve, je ne le suis pas », répète le petit Léolo tout au long du film. Pas quoi ? Pas cinglé, comme s’avèrent l’être à peu près tous les membres de sa famille ? Pas comme ce qu’on attend de lui surtout. Par exemple, il déteste tellement son père qu’il s’est convaincu que sa mère est tombée enceinte au contact d’une tomate pleine du sperme d’un Italien pure souche. Il veut donc qu’on l’appelle Léolo Lauzone, plutôt que Léo Lauzon… Tout sera à l’avenant.
Le récit est mené du point de vue d’un homme ayant retrouvé le journal que tenait le petit Léolo. Cette forme pourrait être laborieuse. Elle s’avère poignante. Car Léolo n’est pas le genre à pontifier. Au contraire : son œil saisit toujours les moments les plus surréalistes, érotiques, gênants, saugrenus, burlesques, crus, cruels (le viol du chat, la branlette au steak, la tentative de meurtre sur le grand-père, etc.). Léolo s’élève seul dans sa famille de fous, qui est une métaphore de toutes les familles. Ce ne sont pas tant les familles qui sont folles que la façon dont les enfants y sont surprotégés. Léolo a la capacité d’imagination suffisante pour s’inventer un monde de rêves dans lequel il se réfugie. Qu’y a-t-il de plus fort chez un môme qui n’a pas la chance d’avoir la famille idéale ? D’ailleurs, qui est né dans la famille idéale ? Cette capacité à s’inventer un monde de fantasmes, c’est tout simplement l’autre nom de la survie. C’est la seule façon de se sortir de cette terreur qu’on appelle l’enfance, à savoir être à la merci d’adultes, quels qu’ils soient. Bref, ne pas encore être capable de décider pour soi. En attendant, il faut rêver.
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