NORDde Xavier Beauvois, avec lui-même, Bulle Ogier, Bernard Verley (1991, F, 95 mn) Une famille gangrenée par l’alcoolisme du père. Chronique réaliste signée par un héritier de Maurice Pialat. Alors qu’on a passé l’hiver, grâce à un opportun coffret de DVD, à voir et revoir les films de Pialat, penchons-nous désormais sur la descendance. Beauvois […]
NORD
de Xavier Beauvois, avec lui-même, Bulle Ogier, Bernard Verley (1991, F, 95 mn)
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Une famille gangrenée par l’alcoolisme du père. Chronique réaliste signée par un héritier de Maurice Pialat.
Alors qu’on a passé l’hiver, grâce à un opportun coffret de DVD, à voir et revoir les films de Pialat, penchons-nous désormais sur la descendance. Beauvois héritier de Pialat ? Qui en douterait ?
Du générique (Arlette Langmann au scénario, Dominique Besnehard dans l’un de ses meilleurs rôles post-A nos amours) à la mise en scène, truffée de ces fameux blocs bruts d’humanité (la scène chez les grands-parents à l’accent chtimi), en passant par l’emploi de non-acteurs pour des rôles secondaires (Mathieu Lindon en prof de français, Jean Douchet en pharmacien), l’ombre de Pialat est partout.
Mais c’est évidemment dans les écarts que la signature de Beauvois se distingue. Nord est plus linéaire, plus fluide, mais aussi plus littéral, plus explicite, laisse moins de place au mystère : les cadres sentent parfois un peu trop le dispositif (la famille enfermée face à l’écran de télé, plan qui revient souvent), certains personnages frisent le typage excessif (la fille handicapée à qui on met des cassettes de Nana Mouskouri pour la calmer)… Mais Nord, treize ans après, tient encore la route. Pourquoi ? Parce que les trois acteurs principaux sont impeccables : Beauvois himself en fils flou, Bulle Ogier en mère soumise et Bernard Verley en père alcoolo. Parce que deux scènes décollent vraiment : un coup de sang du père, calmé
par son patron et son fils, et surtout, coup de force mémorable, la soirée que passent la mère et le fils, débarrassés du père, terminée par un plan indélébile où la mère branle son fils devant le porno de Canal+. Enfin, et peut-être surtout, Beauvois sait filmer l’alcoolisme, ce vice caché : pendant longtemps, ces bouteilles que le père s’envoie, on ne les voit pas.
{"type":"Banniere-Basse"}