LA DÉSENCHANTÉEde Benoît Jacquot, avec Judith Godrèche, Marcel Bozonnet, Yvan Desny (1990, F, 78 mn) Le premier volet d’une trilogie féminine officieuse, où Benoît Jacquot acquiert une vitalité et une contemporanéité qui lui faisaient défaut jusque-là. En devenant le sismographe de la psyché féminine, Jacquot a touché un point sensible de notre rapport au cinéma […]
LA DÉSENCHANTÉE
de Benoît Jacquot, avec Judith Godrèche, Marcel Bozonnet, Yvan Desny (1990, F, 78 mn)
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Le premier volet d’une trilogie féminine officieuse, où Benoît Jacquot acquiert une vitalité et une contemporanéité qui lui faisaient défaut jusque-là.
En devenant le sismographe de la psyché féminine, Jacquot a touché un point sensible
de notre rapport au cinéma qui est avant tout celui du voyeur masculin regardant des jeunes femmes, tapi dans le confort d’une salle obscure (la pulsion scopique est masculine). Le cinéaste décrit ici
le passage de l’adolescence passive à l’âge adulte actif, particulièrement dans le domaine de la sensualité ; l’héroïne, Beth, va se fixer et s’affirmer à travers quelques tests de ses limites. D’où
le désenchantement, ou plutôt la désillusion
du titre, qui atteint la jeune fille au cours de ses expériences badines et un peu chaudes avec différents hommes de plusieurs générations, qu’elle va frôler de plus ou moins près, quitte
à faire roussir un peu ses ailes angéliques et,
in fine, les perdre. Bien sûr, c’est aussi la description amusée, critique et parfois même un brin cynique des minauderies de l’adolescence (en particulier celles des rejetonnes de la bonne bourgeoisie). Mais en même temps, le cinéaste fait corps
avec son personnage, fait siens ses rébellions
et ses emballements typiques de cet âge d’incertitude, et aussi de radicalisme. Voir
ce moment de grâce où Beth, face à une fenêtre, déclame des vers de Rimbaud, étendard de
la jeunesse débridée et flamboyante. Dans une certaine mesure, car ce n’est tout de même pas
une œuvre sociale ou réaliste, La Désenchantée marque la découverte d’un cinéma plus direct pour Jacquot, une éclaircie dans sa filmographie, qui était tombée dans des travers abstraits et entortillés avec Les Mendiants et Corps et biens.
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