Avec ses déclarations sur les Roms, Manuel Valls a mis le feu aux journées parlementaires du PS. La députée socialiste Sandrine Mazetier, vice-présidente de l’Assemblée nationale, secrétaire nationale à l’Immigration, réagit.
Comment réagissez-vous aux propos du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, qui nie la volonté d’intégration d’une majorité de Roms ?
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Sandrine Mazetier – Je suis surprise de l’omniscience du ministre sur cette question. Il fait comme s’il connaissait à l’avance les intentions de ces populations. Ce qui m’a le plus choquée c’est lorsqu’il a dit que « ces populations avaient des modes de vie extrêmement différents des nôtres et en confrontation » avec les population locales. C’est comme s’il avait un institut de sondage à l’intérieur du cerveau qui lui aurait permis de sonder les intentions individuelles de ces populations. Manuel Valls ne peut ignorer que le fondement de la République, c’est l’égalité. Nous ne sommes pas déterminés à la naissance par le groupe social auquel nous serions supposés appartenir.
Comment expliquez-vous ce durcissement verbal ?
Je ne l’explique pas car ça a déjà largement pollué les journées parlementaires du PS. Plutôt que de ces polémiques stériles, nous devions parler d’emploi, la préoccupation qui touche une majorité de Français. Comme d’autres, j’étais venue pour parler d’inversion de courbe du chômage, de formation.
Estimez-vous que Manuel Valls brouille le message du gouvernement en matière de politique d’immigration ?
Oui, de toute évidence. Il doit respecter les missions qui sont les siennes et ne pas les outrepasser. A ce que je sache, Manuel Valls n’a aucune compétence de travailleur social.
Pensez-vous qu’avec ses propos, le ministre de l’Intérieur légitime le discours anti-Roms ambiant ?
Je considère qu’il ne contribue pas à pacifier le débat public et à clarifier les enjeux. Ces propos me semblent en contradiction avec les objectifs qu’il s’était lui-même assignés, à savoir trouver des solutions efficaces et respectueuses des droits pour ces populations. Là il est dans l’amalgame, l’hypertrophie, l’exagération.
Estimez-vous qu’il y a eu un changement de cap en matière de politique migratoire depuis que François Hollande est au pouvoir ?
Oui n’en déplaise à certains, il n’y a plus d’objectifs d’expulsions et d’arrestations d’étrangers sans papiers. Il est dommage que Manuel Valls brouille ce changement de politique.
Propos recueillis par David Doucet
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