Une biographie filmée respectueuse mais pas simplificatrice, et l’un des films les plus personnels de Clint Eastwood, cinéaste mélomane.
Cette biographie filmée du jazzman Charlie Parker sonna en 1988 l’heure de la reconnaissance critique définitive pour Clint Eastwood, en France comme aux Etats-Unis. Le cinéaste délaisse en effet le cinéma de genre, ne joue pas avec son image de star devant la caméra et prend le pari risqué d’un film interprété majoritairement par des acteurs noirs, où il est question de jazz et de drogue. Mais seuls les plus ingénus ont vu dans Bird un souci de respectabilité et un sursaut tardif d’ambition chez Eastwood alors qu’il ne s’agissait que d’une étape certes importante vers la maturité et la maîtrise artistique d’un cinéaste chevronné qui a toujours fait œuvre personnelle. Dès son premier film en tant que réalisateur, le thriller Un frisson dans la nuit, Clint Eastwood intègre une séquence digressive et quasi documentaire montrant son personnage assister à un concert de musique noire. Eastwood aime filmer ce qui le passionne et ce qu’il connaît : le western, la musique country et le jazz qu’il considère comme les seules véritables manifestations culturelles de l’Amérique.
Bird possède l’immense avantage de ne jamais sombrer dans l’académisme ou les clichés des biographies hollywoodiennes d’artistes maudits. Eastwood ne verse pas dans la démagogie bien-pensante ou le paternalisme rampant, comme le font certains cinéastes blancs quand ils se penchent sur la communauté noire. En fin mélomane, le cinéaste a obtenu un maximum d’authenticité musicale en utilisant de véritables enregistrements de Charlie Parker. La mise en scène adopte une structure éclatée qui parvient
à évoquer la complexité douloureuse de la personnalité de Parker comme de sa musique.
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