Cuba se lance dans le film de zombies avec « Juan of the Dead », production gore et humoristique matinée de politique.
Après Dawn of the Dead en Amérique et Shaun of the Dead au Royaume-Uni, voici Juan of the Dead, le premier film de zombies cubain. Une « nouvelle révolution, 50 ans après celle de 1959 », peut-on lire dans la bande-annonce.
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Le réalisateur et scénariste argentin Alejandro Brugués a choisi un héros atypique : Juan, un quadra gringalet et fainéant qui ne fait pas grand chose de ses journées. Il trouvera son salut en créant une entreprise de sauvetage suite à l’invasion de Cuba par les zombies. Pour sauver ses clients et surtout sa peau, il n’hésitera pas à lyncher les morts-vivants à coups de rame de bateau.
Un projet que personne ne voulait financer
La bataille pour tourner ce film n’a pas été facile, comme le rappelle le coproducteur Inti Herrera :
« Pendant quatre ans, nous avons été les seuls à croire à ce projet… Et puis tout d’un coup vous avez une centaine de personnes sur le plateau et tous ces collaborateurs. »
Même si l’attente a été longue, l’équipe est finalement parvenue à obtenir le soutien de l’Institut officiel du film cubain et à signer avec la production espagnole Zanfona. Le budget final de la production s’élève à 2,3 millions de dollars, ce qui est énorme pour Cuba, mais dérisoire à l’échelle Hollywood.
Une vision ironique du Cuba contemporain
Derrière le gore et l’humour évidents du film, on peut détecter une dose de satire politique. Juan of the Dead présente une bonne occasion de critiquer la société Cubaine avec humour et dérision. Dans une interview à Variety, le réalisateur Alejandro Brugues explique qu’il a tenté, à travers ce film, de mettre en évidence certaines attitudes typiquement cubaines :
« A Cuba on fait tous la même chose face à l’ennui, on essaye de gagner de l’argent et quand on en a suffisamment, on essaye de quitter le pays. C’est exactement ce que fait le héros tout au long du film. »
L’histoire évoque des sujets sensibles, comme la relation entre Cuba et les Etats-Unis, ou les exilés cubains cherchant à fuir leur pays. Dans le film, l’invasion des zombies est l’œuvre d’un complot soutenu par les Etats-Unis afin de déstabiliser le pays. Mais Alejandro Burgues réfute cette qualification de satire. Pour lui, Juan of the Dead, « c’est vraiment une comédie », et rien d’autre.
Anne-Sophie Balbir
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