Reprise du premier long métrage de Burton, où transparaît déjà son univers ironique et onirique.
Lorsque Pee-Wee’s Big Adventure apparaît sur les écrans américains en 1985, ce n’est pas du tout un film d’auteur. Ou plutôt son auteur n’est pas du tout celui qui en signe la mise en scène, un dénommé Tim Burton, qui avait tourné jusque-là un court métrage culte mais peu vu (Frankenweenie). Le véritable maître d’œuvre du film est Paul Reubens, idole des enfants américains pour son show sur HBO et dont le film était une sorte d’appendice cinématographique. Dès le second film de Burton, Beetlejuice, il devenait évident que Pee-Wee… était aussi la première pierre de l’édifice auteuriste burtonien. De la musique de Danny Elfman à la représentation du monde comme un vast Luna Park, l’essentiel du cinéaste était déjà en place et le film bénéficie de la parfaite congruence entre l’univers du showman dont il est le véhicule (Pee-Wee, l’enfant-adulte capricieux et fantasque) et celui du réalisateur choisi pour l’illustrer. Le scénario, construit sur un canevas de road-movie à la poursuite d’un vélo volé, offre à Reubens l’opportunité de laisser libre cours à son burlesque régressif, sa méchanceté à peine masquée, et aussi un imaginaire sexuel pour le moins torturé (phobique, il fuit la jeune fille qui lui fait des avances, se travestit à la moindre occasion…). Burton construit autour de ce personnage mi-charmeur mi-inquiétant un monde fait de micromachineries, où la moindre préparation d’un petit déjeuner prend des allures d’une scène de chaîne d’assemblage dans Les Temps modernes. Inventions inutiles, gadgets sophistiqués au service de pas grand-chose, culte du mécanique au profit du vivant, tout Burton est là mais sans les mille effets numériques de Charlie et la Chocolaterie, dans une version de Charlie et la Chocolaterie, dans une version encore artisanale, qui sied mieux à sa poétique de cinéphile amoureux de Corman et Cocteau. On sait depuis que la fortune télévisuelle de Pee-Wee fut pulvérisée par un fait divers (en 1991, la police arrête Paul Reubens alors qu’il se masturbe dans un cinéma). Mais Tim Burton lui offrira l’occasion d’une belle revanche : dans Batman Return (1992), il interprète avec un sadisme raffiné un père infanticide.
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