Aux Etats-Unis, des jeunes ont retenu la leçon de « Kick-Ass » et se regroupent la nuit pour faire respecter la loi dans des costumes de super-héros. Flippant.
On connaissait déjà la passion toute américaine pour la justice personnelle, les petits shérifs (ou Bounty Hunters) qui rejouent le mythe vigilante à chaque coin de rue. Il faudra compter désormais sur une nouvelle race de justiciers, ascendants nerds biberonnés aux Marvel et convaincus par Kick Ass de Matthew Vaughn, baptisés par la presse américaine les « real-life superheroes« .
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Soit une dizaine de paumés découverts dans les rues de Lynwood (Seattle) dans l’état de Washington, ni flics ni chasseurs de primes, mais qui font –très sérieusement- régner la loi habillés dans des costumes de super-héros de fiction. Un phénomène aussi génial qu’inquiétant révélé cette semaine par l’intervention d’un des héros de la bande lors d’un cambriolage : l’intrépide Phoenix Jones.
Des idéaux, et un Taser…
Dans la nuit de lundi à mardi, l’Amérique découvrait donc le nouveau visage de ses héros. Selon le site du Daily Mail, Phoenix Jones serait intervenu avant la police pour empêcher le cambriolage de la voiture d’un habitant de Lynwood, Dan, dont le témoignage (bidonné ou pas) a lancé les médias sur la piste du héros masqué.
Interrogé par une chaîne de télévision de Seattle, KIRO, l’heureux rescapé a rejoué la scène du cambriolage et évoqué l’apparition d’un « mec très fringuant, qui portait un costume moulant couleur noir et or« .
La chaîne de télévision, qui a mené l’enquête, est allée trouver Phoenix Jones jusque dans son repère : l’arrière-salle d’un magasin de comics où il travaille (ça ne s’invente pas). Et comme le personnage d’Aaron Johnson dans Kick Ass, le justicier de Lynwood ne correspond pas tout à fait au profil type des super-héros : il vit chez sa grand-mère certes, mais ce post-ado se déplace dans une Kia Forte et n’a pour seul pouvoir qu’une lecture obsessionnelle de Nightwing et Green Lantern.
Ce qui ne l’empêche pas de prendre son rôle très au sérieux :
« Quand je marche dans un quartier, les criminels décampent parce qu’ils voient mon costume, a déclaré Phoenix Jones à la chaîne KIRO. Je symbolise le fait qu’une personne normale ne doit pas rester impassible lorsqu’elle assiste à des mauvaises choses dans la rue. »
Pour mener à bien sa mission, Phoenix Jones peut aussi compter sur une législation très souple sur le port d’armes: en plus d’un gilet pare-balles, il affiche à sa ceinture Batman une bombe de gaz lacrymogène et un Taser. Un équipement indispensable au justicier qui, lancé dans le super-héroïsme il y a neuf mois, aurait été impliqué dans plus de trente arrestations, parfois violentes.
Interrogé par le Seattle Crime, il évoquait ainsi son intervention dans l’arrestation d’un membre du gang Peckerwood et sa lutte contre les trafics de drogues -il aurait lui-même reçu plusieurs coups de couteau.
La ligue des Justiciers
Mais ce qui aurait du rester un cas isolé de schizophrénie avancée (ou au mieux un hoax) s’est révélé être un petit phénomène : Phoenix Jones serait en fait l’un des membres d’une organisation de super-héros, The Rain City Superhero Movement.
A ses côtés, la police de Seattle a identifié neuf autres justiciers masqués, dont Thorn, Green Reaper, Gemini, Catastrophe, Penelope, et le très convaincant Zeta Man. Organisés sur Internet, notamment via le réseau RLSH (pour Real Life Superheroes), ils se communiquent des informations sur les conditions légales de leurs activités ou sur le meilleur moyen de briser la nuque d’un bad guy – précisant bien de « faire attention en utilisant ces techniques« .
Pour l’instant amusées, les autorités compétentes semblent même encourager ce genre d’initiatives : le chef de la police de Seattle, Jeff Kappel, a ainsi déclaré qu’ « il n’y a rien de mal à ce que des citoyens s’impliquent dans le processus de justice pénale –du moment qu’ils le suivent jusqu’au bout. »
Lucide, Phoenix Jones a tenu a rappeler que si la cape du super-héros se démocratise, elle implique néanmoins certaines responsabilités :
« Je n’approuve pas que les gens se promènent dans la rue avec des masques. Tout le monde dans mon équipe a soit une formation militaire, soit une bonne base d’arts martiaux, et nous sommes bien conscients de ce qu’il en coûte de faire ce que nous faisons. »
La petite ville de Lynwood peut dormir tranquille. Quoique.
Romain Blondeau
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