La transformation de jeunes garçons en machines à tuer. Un Kubrick abstrait et mental dans le prolongement de « Shining » et « 2001 : L’Odyssée de l’espace ».
Full Metal Jacket est adapté d’un bref roman de Gustav Haford, récit autobiographique sur la guerre du Vietnam qui permet à Stanley Kubrick de renouer avec ses sujets de prédilection, la folie et la violence. En 1958, Les Sentiers de la gloire était encore empreint d’une philosophie humaniste au nom de laquelle le cinéaste dénonçait les absurdités de la guerre et le cynisme des généraux. Full Metal Jacket, dans le prolongement de Shining, est une œuvre beaucoup plus abstraite et mentale.
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Le film décrit l’entraînement de jeunes recrues du corps des marines, puis leur expérience sur le terrain. La longue première partie, située dans une base militaire aux Etats-Unis, nous fait assister à la transformation de jeunes garçons en machines à tuer, avec une précision clinique proprement terrifiante. Le décor renvoie aux structures d’enfermement de 2001 et Shining, propices aux dysfonctionnements destructeurs et pathologiques.
Le dernier tiers du film propose une reconstitution très stylisée d’un épisode du conflit vietnamien, qui débouche sur une vision cauchemardesque de la mécanique guerrière. Sa phobie des voyages encouragea Kubrick à reconstituer l’offensive de Hué dans la banlieue londonienne, ce qui renforce la dimension onirique de Full Metal Jacket .
La propre fille de Kubrick, Vivian, signa sous le pseudonyme d’Abigail Mead l’oppressante musique électronique du film. Victime à sa sortie de la comparaison avec Platoon d’Oliver Stone, Full Metal Jacket dut attendre quelques années, comme presque tous les films de Kubrick, pour accéder au rang d’incontestable chef-d’œuvre.
Olivier Père
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