Avec de nouveaux personnages, l’empathie comme super-pouvoir et les Américains de Deck Nine Games aux manettes, le nouvel épisode de la série ne déçoit pas.
En quelques années, de suites en spin-offs, Life is Strange est devenu un peu plus qu’un titre de jeu vidéo : un slogan, un label, un mot de passe, un signe de reconnaissance. Un truc que, si l’on avait quelques années (décennies) de moins, on se verrait bien graver au marqueur sur notre sac à dos de lycéen. Et puis, un jour, quelqu’un·e le verrait et on échangerait un regard complice. Ah oui ? Toi aussi ?
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True Colors n’est pas la suite de Life is Strange 1 ou 2 mais une nouvelle histoire avec de nouveaux personnages (à une exception près). Il n’est pas non plus un jeu du studio parisien Dontnod comme les épisodes “numérotés” mais des Américains de Deck Nine Games, qui s’étaient déjà chargés du précieux bien qu’inégal spin-off Before the Storm et dont la deuxième incursion dans la série-anthologie se révèle beaucoup plus abouti.
Un air de familiarité
Pour qui a fréquenté les précédents Life is Strange ou Twin Mirror et Tell Me Why (deux productions Dontnod n’appartenant pas officiellement à la saga), l’entrée dans True Colors se fait sans dépaysement excessif. Le système de jeu – entre aventure light, déambulation contemplative et dialogues à choix multiples – a peu évolué, et même la petite ville américaine aux allures de communauté woke idéale (pardon pour le gros mot), avec sa rue fleurie, son bar-repère et son magasin de disques inévitablement vinyles, donne même le sentiment d’avoir été aperçue ailleurs. Mais on ne s’y installe que mieux, dans le sillage de la jeune Alex qui, après une enfance ballottée de familles d’accueil en foyers, arrive à Haven Springs pour y retrouver son frère Gabe qu’elle n’a pas vu depuis huit ans.
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Super-pouvoir
Comme tous les protagonistes principaux de Life is Strange, Alex a un pouvoir : une super-empathie qui lui permet de lire les émotions de celles et ceux qui l’entourent, jusqu’à en être profondément affectée. Tout découle de cette capacité à se mettre à la place des autres, à les reconnaître comme d’autres soi-même. C’est alors sa manière alternativement douce et cinglante d’associer l’intime, le social et le politique qui fait la force de True Colors, où, par exemple, ce qui semble relever d’une crise personnelle ne sera pas forcément sans rapport avec les pratiques louches de l’entreprise minière qui règne sur Haven Springs. Au point qu’en dernière analyse, le véritable “méchant” du jeu pourrait bien être le capitalisme.
Mais ce qui touche le plus profondément dans True Colors, c’est son rapport au temps, des interrogations sur la mémoire personnelle ou collective (souvenirs enfouis, Alzheimer en approche, passé réécrit) à cette invitation récurrente à le laisser filer momentanément comme pour mieux sentir le présent. Incidemment, c’est là que l’arrivée de Life is Strange sur les consoles de nouvelle génération ressemble à une bénédiction. Pour les visages, les couleurs des fleurs, un ciel nocturne, un regard tendre, ici et maintenant. La vie est étrange, assurément.
Life is Strange : True Colors (Deck Nine Games / Square Enix), sur PS4, PS5, Xbox One, Xbox Series X/S, Windows et Stadia, de 50 à 60 €. À paraître sur Switch.
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