Nouveau venu dans les kiosques, Obsküre magazine relaie l’actualité de la culture dark. Rencontre avec Nikö, co-fondateur et fan de metal.
« On met en avant nos goûts personnels, quitte à faire des erreurs complètes ». Nikö est attablé derrière un café assorti à ses vêtements. Visiblement, chez lui, les goûts et les couleurs ne font qu’un. Pour fixer notre rencontre, place Bastille, il se décrit ainsi au téléphone : « cheveux longs noirs et habillé tout en noir ». Facile à repérer, c’est clair. Du bien bon metalleux. Emmanuël, l’autre fondateur d’Obsküre, penche plutôt du côté Goth (mais n’est pas là aujourd’hui). Ensemble, ils couvrent depuis dix ans l’actualité de la scène « dark ». D’abord sur internet puis également en magazine depuis peu. Aucun clivage entre les deux supports : le site et le papier forment un média global lié aux musiques sombres.
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« Il s’agit de musiques qu’on écoute seul et qui suscitent des émotions fortes. Quelque chose d’assez profond… Et qui ne donne pas envie d’aller gambader dans l’herbe comme la pop » explique Nikö. Son truc, perso, c’est donc le metal, « des grosses guitares très méchantes, a contrario du goth où les structures sont tenues par la basse avec des sonorités plus cristallines… ». Pour faire court, le point commun entre les deux courants réside dans la « déstructuration des schémas pop classiques au profit de compos plus progressives, avec un niveau technique généralement assez élevé ».
Voilà pour les révisions. Mais le magazine – sorti le 25 novembre – incite à creuser. « Restez curieux » (musicalement) argue-t-il dans ses pages. Où il en va du post-punk à l’electro expérimentale en passant par l’indus comme le neo-folk. Le tour d’horizon des musiques sombres s’effectue par période bimestrielle. Une vingtaine de rédacteurs parcourent les sillons musicaux marécageux. Le cap à franchir est celui du rassemblement. Réunir l’ensemble des scènes dark sous une même chapelle. Avec l’émotion introspective liée à ces musiques pour dénominateur commun. Et bien sûr, proposer des articles de qualités, autrement dit, bien écrits. Ce qui n’était pas toujours le cas dans le milieu, lorsqu’Obsküre s’est lancé sur internet, il y a dix ans.
Sur papier, en tout cas, le résultat semble à la hauteur : contenu sombre, revue sobre, feuilles épurées aux liserés anthracite et violet entre les lignes. 96 pages, dont trois ce mois-ci pour les Young Gods -avec un nouvel album et trois live vidéos, les Suisses ont une actu chargée. « On préfère écrire plusieurs pages sur eux ou Sopor Aeternus que sur Marilyn Manson. Car plein de médias vont s’occuper de sa promo… ». La messe est dite. L’entretien avec le groupe de Franz Treichler est présenté comme un moment unique dont voici l’encadré : « le travail des Young Gods est rarement unidimensionnel et le titre de chacune de leurs sorties recèle de multiples significations. Ou comment une bête question sur un titre d’album ouvre le champ des réflexions sur l’inconscient collectif humain et animal ». Prometteur.
Mais revenons en arrière dans la conversation. Difficile de ne pas interroger Nikö sur le plus célèbre gothique de la planète. Aux yeux du spécialiste « Marilyn Manson a vraiment apporté quelque chose sur ses premiers albums. Il combinait une musique Metal/Indus avec une imagerie Goth/Cyber-punk. Ca s’essouffle un peu aujourd’hui… car il en a fait une véritable industrie marketing. Mais on fait tout de même une chronique quand il sort un disque. Ca fait partie des points d’entrée dans la culture. » Point intéressant.
Tout nouvel arrivant est le bienvenu dans la ronde (de nuit). Le milieu est sombre mais reste ouvert a priori.
Obsküre – fait à la maison et tiré à 25 000 exemplaires – ne cherche pas à conquérir les masses mais rassemble un public éclectique. « Le forum internet est ouvert à tous. N’importe qui peut y aller, s’inscrire, poster ». On y parle de musique, forcément, mais pas que. De nombreux sujets la vie de tous les jours sont aussi évoqués. « On a une section divagations et digressions où là c’est vraiment n’importe quoi… comme sur tous les forums les mecs parlent de voitures, de jeux vidéos, de drague, etc. » Bien loin d’un cercle hermétique au monde extérieur.
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