Le sacrificeSauver le monde ? Dans sa maison isolée, perdue entre terre et ciel, un vieil acteur se demande à quoi bon cette farce. Et met le feu à la maison dans un plan-séquence d’anthologie. Un film de Tarkovski, ce n’est pas un objet de divertissement, c’est une prière, c’est… Tu nous emmerdes avec ta […]
Le sacrificeSauver le monde ? Dans sa maison isolée, perdue entre terre et ciel, un vieil acteur se demande à quoi bon cette farce. Et met le feu à la maison dans un plan-séquence d’anthologie.
Un film de Tarkovski, ce n’est pas un objet de divertissement, c’est une prière, c’est…
Tu nous emmerdes avec ta prose de curé !
Oui, je sais. « Prière », aujourd’hui, ça fait ricaner. Foi, spiritualité, péché, sacrifice… Ça pontifie, autant éviter. D’ailleurs, ces mots ont-ils encore un sens dans notre civilisation occidentale si contente d’elle-même et qui se précipite tête baissée vers la catastrophe ? Nous ne sommes que des aveugles et nous ne voyons rien. C’est quoi, ces couillonneries prétentieuses, qu’à côté, Beckett et Cioran ont l’air modeste ? C’est l’acteur vieillissant du Sacrifice qui dit ça. Un homme qui a renoncé aux simulacres d’un Occident gonflé d’orgueil, mais sourd et aveugle. Dans sa belle maison, au milieu de la plaine marécageuse suédoise entre le ciel, la mer et quelques pins, il se dit : à quoi bon ? Et voilà qu’une guerre mondiale éclate. Elle menace la planète d’une destruction totale. Ecrasé par un sentiment de complète incompréhension, il met le feu à sa maison. C’est marrant, ça me rappelle Chirac à Johannesburg, au Sommet de la terre : la maison brûle ! Et que faisons-nous ? C’est un peu ça ; je préfère Cioran : « Aujourd’hui, Prométhée serait un député de l’opposition. » Ne reste plus qu’à s’agenouiller devant les flammes, comme le vieil acteur. Tarkovski a tout donné pour ce dernier film, il aura lutté contre la mort qui l’emportera quelques mois plus tard. Ce film, c’est une prière au pied d’un arbre mort.
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