Vision cauchemardesque, paranoïaque et burlesque du XXe siècle. Le chef-d’œuvre de Terry Gilliam.
Revoir Brazil plus de vingt ans après sa sortie, c’est réaliser que Terry Gilliam avait réussi plus qu’un chef-d’œuvre : un film « visionnaire » sur la société du divertissement. En mixant l’esthétique expressionniste des années 30, le kitsch publicitaire des années 50 et le rythme staccato-vidéo clip des 80’s, l’ex Monty Python imagine un monde orwellien. Dans cette société irrespirable envahie par les écrans de télévision, le culte de la performance et les climatiseurs, une obscure industrie de l’information galvanise les foules au nom de la guerre contre le terrorisme. Partant de ce meilleur des mondes où n’importe qui peut faire office de suspect du jour au lendemain, Terry Gilliam brode un scénario qui tient du cauchemar paranoïaque et burlesque. Un beau jour, dans une administration quelconque de ce monde où les machines désirantes et délirantes ronronnent en réseau, un insecte tombe dans un appareil à répertorier les terroristes. Le bug informatique va précipiter un brave fonctionnaire dans l’envers du décor, dans la bureaucratie kafkaïenne de cette machine à boudin. Lapsus, quiproquos, une demi-douzaine de gags par plan, Terry Gilliam nous fait découvrir d’interminables tuyauteries souterraines qui charrient des coliques dantesques ; le caca d’images alimente en continu une civilisation qui produit à l’échelle industrielle de la propagande. A travers un feu d’artifice d’images où un simple panoramique nous promène d’un lifting à une centrale nucléaire, Terry Gilliam tend un miroir à notre inconscient et suit un fil rouge : nous sommes tous des fantômes aliénés à nos images, à notre imagination.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}