Intronisé chef de file des partisans du tout-sampling avec Deadringer, son très remarqué premier album, Rjd2 s’affiche désormais comme un concurrent sérieux dans la course à la chanson idéale. Avec ses claviers, sa guitare et sa basse, Rjd2 a entièrement fait main un disque dont tous les sons portent sa signature. Les fans de la […]
Intronisé chef de file des partisans du tout-sampling avec Deadringer, son très remarqué premier album, Rjd2 s’affiche désormais comme un concurrent sérieux dans la course à la chanson idéale. Avec ses claviers, sa guitare et sa basse, Rjd2 a entièrement fait main un disque dont tous les sons portent sa signature. Les fans de la première heure y verront un virage esthétique à 180 °. L’Américain, lui, évoque une évolution logique, dictée par une irrésistible nécessité intérieure. Rjd2 se gardera bien d’émettre le moindre jugement de valeur sur la technique du sampling ? Je conçois qu’un songwriter traditionnel suive une trajectoire inverse à la mienne , affirme-t-il d’ailleurs. Il préfère donc parler de l’exigence nouvelle qui l’a incité à relever son travail d’écriture.
Au patchwork sonore de ses précédents disques, The Third Hand substitue une trame musicale complexe mais cohérente, dans laquelle sa voix malléable sert de fil rouge. The Third Hand n’en reste pas moins un drôle de chantier, où Rjd2 montre qu’il n’a pas renoncé au plaisir de mêler des sources sonores a priori incompatibles : des reliefs synthétiques clinquants se plaquent ainsi sur des chansons écrites d’une plume racée. Mais si Rjd2 marie la dorure et le toc, c’est pour les couler dans des architectures qui brillent toujours par la singularité de leurs lignes. Loin d’être la simple provocation d’un petit amuseur postmoderne, The Third Hand est un audacieux traité d’esthétique, dominé par le libre arbitre d’un homme qui assume crânement tous ses goûts.