Derrière CocoRosie ou Joanna Newsom, le jeune folk produit désormais à la chaîne ses excentriques réglementaires, ses sauvageonnes dociles. Ne retenant de ces aînées que la caricature, ignorant tout de leur ivresse du vide, elles recopient rigoureusement leurs complexes plans de vol mais, elles, avec toutes les sécurités ? filet, parachute et billet de retour […]
Derrière CocoRosie ou Joanna Newsom, le jeune folk produit désormais à la chaîne ses excentriques réglementaires, ses sauvageonnes dociles. Ne retenant de ces aînées que la caricature, ignorant tout de leur ivresse du vide, elles recopient rigoureusement leurs complexes plans de vol mais, elles, avec toutes les sécurités ? filet, parachute et billet de retour garanti. On avait déjà connu telle avalanche de cascadeuses de salon lors du triomphe de Björk : laborieuses suiveuses que le ressac emporta. Avec sa voix de pythie pétée et ses mélodies tricotées dans les rêves cotonneux, Marissa Nadler pourrait ainsi faire partie de ces Castafiore du dimanche, de ces sages follasses.
Mais comme chez les Californiens de Lavender Diamond, autres disciples du folk psychédélique de Vashti Bunyan, l’étrangeté de l’Américaine n’est jamais une pose, un jeu de rôle : d’une beauté désolée, admirablement mise en scène par le grand Greg Weeks (Espers), ce nouvel album ne rend pas seulement hommage par son titre à Leonard Cohen. Il partage également avec les chansons du Canadien sa liberté de jeu, son goût pour le dénuement épicurien, sa façon rare de rendre sensuelle la solennité. La voix, miniature médiévale, peut crisper sur la longueur ? si seulement on n’est pas ensorcelé avant par ce timbre diabolique de Lolita en bure, de fée schnouffée, ébouriffé