Un rapport de l’ONG juge “emblématique des dérives du maintien de l’ordre en France” la tentative de dispersion par les forces de l’ordre d’une fête en hommage à Steve Maia Caniço le 19 juin.
Plusieurs dizaines de blessé·es parmi les fêtard·es – dont l’un avait eu la main arrachée – et 11 du côté des forces de l’ordre, c’est le résultat des événements qui se sont déroulés les 18 et 19 juin 2021. La gendarmerie d’Ille-et-Vilaine était alors intervenue pour disperser un teknival tenu dans des champs de la commune de Redon (près de Rennes). Trois mois après les faits, Amnesty International livre, ce mardi 14 septembre, un rapport sur l’usage de la force dans le cadre de l’opération de dispersion organisée par les autorités entre les premières heures et l’après-midi du samedi 19 juin.
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“Disproportion manifeste”
Dans le document, long de 25 pages, l’ONG estime que “les conditions du recours à la force par les forces de l’ordre n’ont pas respecté les principes de base des Nations unies sur le recours à la force”.
“Les forces de l’ordre ont lancé pendant plus de sept heures des grenades lacrymogènes et assourdissantes sur une foule, de nuit, y compris des grenades susceptibles de mutiler les personnes. L’utilisation de ces armes dans des conditions aussi dangereuses a conduit à des dizaines de blessures : plaies, fracture, brûlures, mais aussi des crises de panique et détresse respiratoire”, retrace le rapport, qui appelle notamment à l’ouverture d’une information judiciaire sur l’affaire ainsi qu’à l’interdiction des grenades de désencerclement et lacrymogènes.
L’organisation ajoute plus loin : “Outre la disproportion manifeste du recours à la force, l’opération de maintien de l’ordre sur le Teknival de Redon apparaît comme ayant eu un effet contreproductif en contribuant à aggraver les atteintes à la sécurité et la santé des personnes, les risques sanitaires liés au Covid, et en générant un risque en matière de sécurité routière.”
Pour tirer ces conclusions, Amnesty International s’est basée sur des entretiens avec des témoins et une analyse de documents administratifs, mais aussi un reportage réalisé par le journaliste Clément Lanot, disponible ci-dessous.
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Précédents
Organisé en hommage à Steve Maia Caniço, un étudiant nantais dont le corps avait été retrouvé dans la Loire un mois après une intervention policière le jour de la Fête de la musique en 2019, l’événement breton avait été largement médiatisé pour les affrontements qui y avaient eu lieu.
Ce qui s’y est déroulé s’inscrit dans un contexte qui peine à se renouveler depuis les années 1990, celui d’un dialogue de sourds entre le gouvernement français et les fêtard·es. Le sociologue Lionel Pourtau l’explique ainsi : “Organiser une fête clandestine, c’est à la fois désobéir à la loi et à l’ordre moral qu’elle défend sans pour autant avoir l’impression de faire du mal, voire en pensant faire du bien.”
Dans son rapport, Amnesty International martèle, quant à elle : “Les interventions des gendarmes sur le Teknival les 18 et 19 juin 2021 sont emblématiques des dérives du maintien de l’ordre en France et des violations des droits humains auxquelles ces dérives conduisent.”
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