Le week-end des 18 et 19 septembre, Gribouillis à Bordeaux et BD à Bastia lancent la saison des festivals BD avec des programmations stimulantes tournées vers les nouvelles formes d’écriture graphique.
C’est seulement dans la fiction que l’on peut disposer du don d’ubiquité. Le week-end des 18 et 19 septembre, il faudra choisir entre deux festivals BD dont les Inrockuptibles sont partenaires : le tout nouveau Gribouillis à Bordeaux et la valeur sûre BD à Bastia.
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Avec leurs programmations reflétant toutes les formes de création en BD, ces deux manifestations lancent une saison que, espérons-le, le covid laissera aller jusqu’à son terme. Pour sa première édition, Gribouillis a choisi comme figure de proue Florence Dupré la Tour, une autrice à l’humour redoutable qui dissèque les rapports de domination, le patriarcat ou l’intégrisme religieux. L’autrice de Pucelle, dont le premier tome, Débutante, a reçu le prix BD Les Inrockuptibles 2020, voit la bibliothèque Mériadeck héberger une vaste rétrospective visible jusqu’au 10 octobre. Deux cent planches permettront de prendre la mesure d’une œuvre ambitieuse qui, entre déconstruction autobiographique (Pucelle, Cruelle) ou jeu de rôle troublant (Cigish) ne perd jamais son mordant.
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Autre temps fort : la soirée d’anniversaire des Requins Marteaux qui, le 17 septembre, fêteront à la Fabrique Pola trois décennies de subversion avec le vernissage d’une exposition où l’on pourra admirer, notamment, des dessins de Winshluss (Pinocchio, In God We Trust). À la maison des arts de l’université Bordeaux Montaigne, l’ambiance sera plus bucolique avec la collection colorée d’oiseaux sur papier de Jochen Gerner tandis que la librairie-galerie la Mauvaise Réputation fera une place à la famille fantasque de Lucas Méthé (Scènes de la vie de Papa Maman fiston, sortie début octobre). Si on ajoute des ateliers, des spectacles et la présence, en plus des artistes précités, d’Alfred, de Lucie Durbiano, Emilie Gleason, Antoine Maillard, David Prudhomme ou d’Anne Simon, Bordeaux concurrencera le temps d’un week-end la voisine Angoulême.
Direction Bastia
Au même moment, Bastia poursuivra une démarche entamée en 1984 et garde sa spécificité : si une librairie éphémère est mise en place, les dédicaces ne sont pas institutionnalisées. Elles ont lieu, de manière informelle, au gré des rencontres qui prennent place au centre culturel Una Volta et débouchent sur des dialogues souvent passionnants entre les artistes présent·es.
L’incontournable de ces 28e Rencontres de la bande dessinée et l’illustration sera l’exposition collective consacrée aux rapports de plus en plus fructueux entre BD et architecture. Scénographiée par Raphaël Lerays – lui-même architecte de formation – Le 1er dans le 9e (Arts) : l’archi entre les cases présentera, comme une évidence, des planches des Cités Obscures, la série pionnière de Benoit Peeters et François Schuiten. Mais l’exposition cite aussi des BD récentes qui ont placé au centre de leur intrigue bâtiments et urbanisme comme L’Aimant de Lucas Harari – les thermes suisses de Vals y constituent un personnage à part entière plutôt qu’un décor – ou Le Mystère de la maison Brume de Lisa Mouchet.
On verra aussi des planches d’Eileen Gray – Une maison sous le soleil, bel hommage rendu par Charlotte Malterre-Barthes et Zosia Dzierzawska à la conceptrice irlandaise de la villa E-1027, joyau architectural de la côte d’Azur. Seront aussi présents Jérôme Dubois, auteur du diptyque grinçant Citéville/Cité Ruine et Łukasz Wojciechowski, architecte polonais qui utilise AutoCAD, logiciel prisé par sa profession, pour créer ses bandes dessinées comme Soleil Mécanique.
BD à Bastia dresse aussi d’autres ponts entre les arts, réservant de l’espace au photographe de guerre Stanley Greene, sujet d’une BD signée par JD Morvan et Tristan Fillaire, ou en programmant Cosmolitude, à la fois spectacle musical sérigraphié, roman graphique et album de musique. Le travail d’illustratrice de Marion Fayolle autour des corps sera aussi mis à l’honneur comme les BD avec images 3D de Matthias Picard ou le livre-accordéon de Guillaume Trouillard et Alex Chauvel, Les quatre détours de Song Jiang conçu en hommage aux rouleaux traditionnels chinois. La BD dans tous ses états, bien vivante.
Festival Gribouillis du 18 et 19 septembre à Bordeaux avec, le 17, rencontre avec Florence Dupré la Tour.
Festival BD à Bastia – Rencontres de la BD et l’illustration du 16 au 19 septembre https://una-volta.com/
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