La synthèse de l’art wendersien du road-movie, soulignée par les accents entêtants de la guitare de Ry Cooder.
PARIS, TEXAS
de Wim Wenders, avec Nastassja Kinski, Harry Dean Stanton, Dean Stockwell (1984, France, 140 mn)
Roi du road-movie languissant, Wenders livre une version polie, léchée, voire maniériste, de ses précédents films déjà hantés par l’Amérique. Paris, Texas est un retour sur le passé, la psychanalyse détaillée, en long, en large et en travers, de Travis, un homme traumatisé, amnésique, mutique, qui erre dans le désert texan en quête de ses origines (la ville de Paris au Texas où il fut conçu), tout en explorant les tenants et les aboutissants de son échec amoureux. C’est aussi pour un Wenders devenant moraliste la clôture d’un cycle, d’une période de fascination pour l’Amérique et pour sa culture pop, sur laquelle il ne reviendra que treize ans plus tard (dans The End of Violence), mais avec un esprit très critique. En un sens, Paris, Texas est la quintessence de son cinéma, le film qui résume tous les autres, avec une sorte d’évidence. On y trouve la BO parfaite (par Ry Cooder à la slide guitar), le sens de l’errance poussé à son paroxysme documentaire, un regard esthétisant sur le décor américain et ses faux-semblants (les panneaux publicitaires en trompe-l’œil du frère de Travis), ainsi qu’une introspection sentimentale qui n’a rien à envier au romantisme allemand (et aussi de la psychanalyse américaine vue par Tennessee Williams, et son disciple, Sam Shepard, scénariste du film). Sans conteste le grand classique de Wenders mais pas son meilleur film.
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