Le très stratège secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé se lance vers la présidentielle de 2017 comme sur une autoroute, droit dans le mur?
C’est le G.I. Joe de la droite, le RoboCop de l’UMP : il va « faire le job ! », il sait « faire le job ». Même ceux qui l’apprécient peu le disent.
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Sa mission : garder l’Elysée à droite. Sa force : l’UMP. Problème : Jean-François Copé est aujourd’hui l’unique candidat déclaré de la présidentielle de 2017. Mais aura-t-il intérêt à concourir après deux mandats sarkozystes ?
« Quand il le dit en 2007, ça fait sourire. En 2010, on le prend au sérieux. » Ce soutien de la première heure est formel : Jean-François Copé, alias JFC, est sur la bonne voie. Le candidat de « l’élection d’après » en convient : « C’est vrai, on rigole moins. » Sourire de chat du Cheshire.
Il sourit beaucoup, JFC. C’est un gourmand, visiblement satisfait d’être là. Pourtant, quand il s’est déclaré en novembre 2007, les temps étaient difficiles. Il en faut de l’aplomb – ou de l’inconscience – à cet instant ! Il a nommé cette période « Restore Hope ».
« J’ai été mis dehors du gouvernement par le nouveau président, j’étais critiqué de partout. Lors d’une interview pour Canal+, j’ai dit que je construisais pour avoir cette relation aux Français. Au moment où tous les sarkoboys préparaient mon enterrement, cela relevait d’abord d’un instinct de survie. »
En 2010, tout a changé sauf sa détermination. Au printemps, Jean-François Copé réaffirme que 2017 sera son « rendez-vous personnel » avec les Français au terme « d’un parcours initiatique ».
Le « bébé Chirac » a du toupet et de l’applomb
Sciences-Po, ENA, peu d’obstacles pour le petit Jean-François, poussé par des parents qui avaient de l’ambition pour leur fils aîné. Ses biographes Solenn de Royer et Frédéric Dumoulin racontent dans Copé, l’homme pressé* que son ambition présidentielle s’est même révélée, adolescent puis étudiant, une tactique de drague… qui faisait souvent flop ! Le jour de son mariage, il lance sans rire :
« Vous avez de la chance, vous êtes au mariage du futur président de la République. »
Du toupet et de l’aplomb. Frédéric de Saint-Sernin, ancien secrétaire d’Etat de Raffarin, se souvient avoir vu débouler ce tout jeune homme au RPR en 1991. Il se plante devant le bureau de Robert Pandraud, veut décrocher une investiture pour les élections cantonales.
Pandraud, le RPR… tout sauf une organisation hippie : « On ne mettait pas en cause les décisions, l’ordre établi. » Il n’obtiendra pas gain de cause mais ceux qui l’ont croisé ce jour-là ont hésité : paltoquet ou maladroit qui ira loin ? Lui avait déjà compris qu’en politique, si on veut réussir, il faut prendre.
Le bébé Chirac trace sa route. Cabinet ministériel, mairie de Meaux décrochée à la hussarde, suppléant de Guy Drut, il siège à l’Assemblée nationale en 1995 avant d’être emporté par la dissolution. Retour aux affaires en 2002 : secrétaire d’Etat, ministre délégué à l’Intérieur, au Budget…
Mais en 2007, avec l’élection de Nicolas Sarkozy, un chiraquien sait qu’il ne va pas passer un bon moment. Quelle meilleure protection que l’attaque ? Lui aussi il sera président mais du groupe UMP à l’Assemblée. Un placard qu’il transforme en rampe de lancement.
« Manager d’hommes, il a des idées, il avance », s’enthousiasme la députée UMP Chantal Brunel. Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au logement, reconnaît : « Il a su imposer le groupe comme acteur majeur de la vie politique française. » Elu président par défaut, il a « donné une fierté aux parlementaires grâce à la coproduction législative », l’hyper-parlement.
Jusqu’alors affublés du surnom de « députés godillots », les élus suivaient mollement un président de groupe dont l’objectif était surtout de ne pas faire de vagues.
Son slogan : « 100 % libre, 100 % loyal au président
Copé voit les choses autrement. Il lance les sujets, travaille comme un fou, même ses adversaires le reconnaissent. Il monte des commissions parallèles à celle de l’exécutif sur la burqa, la réforme territoriale…
Son identité politique se précise : libéral mais interventionniste, aussi sécuritaire que Nicolas Sarkozy mais plus républicain. Sur la question du port du voile, il pousse l’exécutif à aller jusqu’à l’interdiction dans l’espace public. Cette victoire devient l’un de ses marqueurs politiques.
Il impose son style et son slogan : « 100 % libre, 100 % loyal au président » mais c’est surtout sur les nerfs de François Fillon qu’il tape à 100 %. Le Premier ministre apprécie peu ce quadra brutal. JFC, lui, est irrité par la popularité du Premier ministre auprès de son bataillon de parlementaires. Il construit sa stature de présidentiable :
« C’est un tour de force de devenir présidentiable sans être chef de parti, ni poids lourd du gouvernement », reconnaît un membre du gouvernement.
Jean-François Copé en cultive le style mais il ne représente guère le gendre idéal, même s’il en a le sourire et l’humour. « Il peut être brutal, jamais tordu », dit son ami Christian Jacob. Brutal, autoritaire, un homme de clan, un fonctionnement « sarkozyste » finalement : si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi !
Ses adversaires ? « Tout ce qui se trouve en travers de sa route, confie un élu. Un rouleau compresseur ? Non une lame ! » Qui, côté pile, joue la séduction, côté face la menace. « C’est toujours le plus proche du clan qui gagne ! » Il se fait des ennemis avec une grande facilité, se focalise sur ceux qui ne sont pas de sa trempe…
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